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Cette précarité qui menace le métier de journaliste
Journée mondiale de la liberté de la presse
Publié dans El Watan le 03 - 05 - 2016

Aujourd'hui, le monde de la presse fera une halte sur les acquis mais aussi sur les droits des professionnels des médias Aussi bien les rares syndicats que les journalistes décrient une situation difficile, voire catastrophique.
La floraison des titres et des chaînes de télévision s'est malheureusement accompagnée d'une précarité criante, mettant à mal une corporation déjà lourdement affectée par le chantage financier exercé par l'Etat et les violations de la réglementation du travail. S'introduire dans les rédactions aussi bien publiques que privées pour évaluer les conditions socioprofessionnelles des journalistes s'avère un parcours du combattant. Si certains organes de presse se démarquent à travers des acquis — qui restent insuffisants — la plupart n'offrent pas le minimum des conditions d'exercice d'une profession devenue très vulnérable et surtout la moins représentée syndicalement.
Pour les professionnels, «lorsque le journaliste exerce dans la précarité, la célébration du 3 mai, Journée mondiale de la liberté de la presse, n'a plus de sens». L'avis est partagé aussi bien par les rares syndicats du métier que les journalistes avec lesquels nous nous sommes entretenus et qui décrivent en général «une situation difficile», voire «catastrophique» dans certains cas.
Cette tendance n'est pas récente. Elle remonte aux années 2000 et s'est accentuée vers la fin de la décennie. Pris en otage et tiraillé par des luttes internes, le seul syndicat des journalistes (SNJ), créé vers la fin des années 1990, a fini par voir déserter nombre de ses adhérents. Seul un bureau, dont le mandat n'a pas été renouvelé depuis près de 8 ans, exerce. Son secrétaire général par intérim, Kamel Amarni, continue «tant bien que mal» à répondre «aux nombreuses préoccupations» de la profession. «Les problèmes socioprofessionnels sont de plus en plus nombreux. Avec 170 quotidiens, les chaînes de télévision, les sites électroniques et les radios locales, les problèmes se sont amplifiés», explique Amarni.
Le cas du journal El Ahdath est révélateur, dit-il : «Il vient de fermer et avec lui 35 postes risquent de disparaître. Nous lui avons trouvé un repreneur, mais avec la condition de sauvegarder les emplois.» Dans le secteur privé, ajoute-t-il, la situation est «problématique». «Dans le secteur public, nous avons réussi à négocier avec la tutelle, qui est le ministère de la Communication, une convention collective et une grille salariale, qui ont d'ailleurs été appliquées malgré les réticences. Dans le secteur privé, il n'existe pas d'interlocuteur unique. Ils sont trop nombreux. En dépit de toutes les tares reprochées au SNJ, il faut reconnaître qu'il existe et qu'il tente tant bien que mal de pousser au changement.
La corporation a grandi rapidement avec l'apparition de nouveaux titres et de chaînes privées. Jusqu'à aujourd'hui, 5000 journalistes ont obtenu leur carte de presse officielle. Il existe des journaux dont on ne connaît même pas les propriétaires. C'est le cas d'El Ahdath. Même ses journalistes ne connaissent pas leur vrai patron. D'autres journaux recrutent des jeunes diplômés de l'Itfc, payés par l'Anem, ne déclarent pas leur personnel, etc. La situation est peu reluisante», lance le syndicaliste.
Selon Amarni, les journalistes ont une part de responsabilité dans cette situation. «Lorsqu'ils ne sont pas empêchés, ils ne s'impliquent pas, manquent d'engagement et de mobilisation. Lorsque nous avons lancé l'élaboration des conventions collectives, nous avions appelé à une assemblée générale pour discuter la dernière mouture, seuls 8 éléments sont venus», regrette-t-il, tout en précisant : «Cela ne veut pas dire que l'Etat n'est pas responsable. C'est à l'Etat de faire respecter les lois du travail et de protéger les journalistes des dérives.» Si certains ont continué à militer au SNJ en dépit de ses problèmes organiques, d'autres ont opté pour cette action appelée «Initiative pour la dignité du journaliste» lancée en 2011.
Ryadh Boukhedcha, membre fondateur de ce réseau, dresse un tableau noir de la situation socioprofessionnelle. «Dans de nombreuses entreprises de presse, les journalistes perçoivent des salaires compris entre 25 et 35 000 DA, nombre d'entre eux vivent dans cités universitaires ou dans des dortoirs indignes de la profession qu'ils exercent. Les conventions collectives et les grilles salariales n'existent pas. D'autres n'ont même pas d'outils de travail comme le micro-ordinateur ou la connexion internet.
La réglementation du travail est carrément foulée aux pieds. En 2016, nous avons perdu 150 postes de journalistes et 300 autres emplois dans les médias sont perdus depuis début 2016. La situation est d'une telle précarité ! Comment pouvons-nous parler de liberté de la presse lorsque la dignité du journaliste est bafouée ?» dénonce Boukhedcha, qui annonce la publication aujourd'hui du troisième rapport sur la situation de la presse. Cependant, le SNJ et l'Initiative pour la dignité des journalistes ne sont pas les seuls cadres de revendication. Des confrères d'El Khabar et de Liberté ont privilégié la création d'un syndicat d'entreprise sous la bannière de l'UGTA.
Histoire d'éviter les tracasseries bureaucratiques et surtout de bénéficier de l'expertise dans le domaine de la réglementation du travail et des négociations. Les deux expériences se ressemblent, elles ont aidé leurs entreprises à surmonter de nombreux conflits internes. Pour Rafik Ouahid, secrétaire général du syndicat d'El Khabar, la priorité était la grille des salaires. «Nous avons réussi à éliminer de nombreuses disparités salariales des journalistes.
Cela n'a pas été facile en raison de la résistance de certains. Mais tous ont fini par reconnaître que le journaliste n'est pas juste un travailleur, il est partie prenante dans la réussite de l'entreprise. Notre erreur est de n'avoir pas discuté en même temps la grille des salaires et la convention collective. Nous avons accéléré la procédure de négociation, mais il y a eu, entre temps, la vente du journal. Le dossier, aujourd'hui, est sur le bureau du nouvel employeur.» Ouahid note par ailleurs : «L'essentiel pour nous est de protéger l'entreprise en lui permettant de se mettre en position de respect de la loi, à travers la création du comité de participation, de la commission paritaire, des œuvres sociales et faire en sorte que le climat du travail soit serein.»
Les mêmes préoccupations sont prises en charge par le syndicat d'entreprise au quotidien Liberté. Mais après avoir arraché plusieurs acquis, il a fini par se transformer en coquille vide après une succession de démissions de ses membres. Dans ce désordre, beaucoup de journalistes reconnaissent que «certains organes de presse offrent des conditions de travail plus ou moins acceptables». L'avis est largement partagé par un responsable d'un grand quotidien qui a requis l'anonymat. Tout en reconnaissant la précarité des emplois au sein de sa rédaction privée, il explique : «Si le secteur public a répondu favorablement aux revendications socioprofessionnelles des journalistes, c'est tout simplement parce que derrière, il y a les ressources financières de l'Etat.
Ce qui n'est pas le cas du secteur privé, qui reste tributaire de ses ventes et de la publicité que les pouvoirs publics utilisent, d'ailleurs, comme moyen de chantage à son égard. Il n'en demeure pas moins que certains parmi eux offrent des conditions de travail assez confortables, même si elles restent à parfaire.» Pour tous, la corporation «va mal». Ils tirent la sonnette d'alarme face à la vulnérabilité et la précarité du métier. Pour les journalistes, «la liberté de la presse ne peut s'exercer sans le respect de la dignité, qui passe obligatoirement par le respect des conditions de travail».


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