Dans cette deuxième partie du dossier consacré aux villes de l'ouest du pays, nous allons découvrir les origines des noms de Tiaret, Mostaganem, Mascara et Saïda. Evoquer Tiaret renvoie indubitablement dans l'esprit de beaucoup de citoyens aux Rostomides (761-909 de l'Hégire) et à cette cité musulmane dont on ne retrouve aujourd'hui que peu de traces. A un degré moindre, certains citoyens interrogés lient cette toponymie au nom de Tihert qui signifie la lionne. «Tiyarat», terme en usage actuellement, serait donc la dialectisation arabe d'une forme francisée d'un vocable amazigh à l'origine. La confusion est exacerbée, d'autant que l'Emir Abdelkader Ibn Mahieddine avait bâti, non loin de la capitale des Rostémides, à Tagdempt, à 7 km de l'actuelle ville, sa propre capitale. Pour Farid Benramdane, enfant de la ville et professeur des universités, chef de la division toponymie au Crasc, auteur de plusieurs publications sur les noms propres en Algérie et au Maghreb, «Tiaret ou Tihart, Tahart, Tihârt, Tâhart, Téhert, Tiharet, Tiyaret, comme Wihran, Wahran, Ouaran, Ouarân, Wahrân, Wihrayn, Ouadaharan, Horan, Oran, sont les formes multiples que prennent les mêmes noms de lieux (toponymes) à travers des périodes historiques précises et en fonction des langues en usage, aussi différentes que tamazight (avec ses variantes), les parlers locaux (arabe algérien ou maghrébin) et même le grec, le latin, le punique, l'arabe, l'espagnol ou le français». Sollicité, l'actuel conseiller de la ministre de l'Education trouve que «les deux noms Wahran et Tihart sont cités au haut Moyen-Age (Ibn Haouqal, Abbou Zakkariya, El Bekri, Ibn Saghîr…)», mais explique t-il : «Nous supposons que les deux toponymes existaient avant l'arrivée des Arabes au Maghreb central car Tahert, capitale du premier Etat musulman au Maghreb central, était la cité florissante par ses produits agricoles, son commerce avec l'Afrique et ses constructions, nous dit El Muqaddasi». «Tahert aussi fut renommée pour son goût du savoir, sa passion des problèmes théologiques et son degré de tolérance vis-à-vis des autres communautés religieuses et ethniques installées sur son propre territoire», ajoute Ahmed Bouziane, écrivain-historien et président de la commission culture à l'APW. C'est également le cas de l'articulation tihart/tahart. Al Idrissi, Ibn Khaldoun et El Bekri écrivaient Tîhart, Ibn Saghîr et Aboul Fodha notaient Tâhart. Quant à «Tiaret», il s'agit d'une francisation à la fois de Tihert et de Tahert.