La ville de Kherrata, à une soixantaine de kilomètres à l'est de Béjaïa, a accueilli hier, à l'occasion de la commémoration du 71e anniversaire des massacres du 8 Mai 1945, un troisième chef de parti politique après Ali Benflis de Talaie El Houriat et Mohamed Nebbou du Front des forces socialistes, qui ont tenu à marquer cet événement. Il s'agit de Belaïd Abdelaziz, président du Front El Moustakbal (Front de l'avenir), qui a animé un meeting populaire à la salle des fêtes communale devant plusieurs dizaines de sympathisants et de militants de sa formation. Tantôt en langue arabe, tantôt en chaoui, l'ex-candidat à la présidentielle d'avril 2014 a plaidé «pour la reconnaissance du statut de chahid à toutes les victimes du massacre du 8 Mai 1945». Une reconnaissance, précise-t-il, «qui doit être consacrée par un décret présidentiel». Et d'insister qu'«il faut retenir de cette journée que l'indépendance du pays n'a pas été offerte par la France coloniale, mais bien arrachée grâce aux sacrifices des Algériens». Traitant de l'actualité politique, Abdelaziz Belaïd a fustigé Chakib Khelil, dénonçant la tournée des zaouïas, qui n'est pas innocente, qu'il effectue depuis quelques semaines. Il se félicite de la position des zaouïas implantées en Kabylie, chez lesquelles il voit «du bon sens et de la conscience». Il dira à ce propos que «la Kabylie dispose du plus grand nombre de zaouïas en Algérie. Mais ces zaouïas ne sont pas celles de la politique, celles du charlatanisme. Elles ne sont pas à vendre». L'hôte de Kherrata regrette, avec une pointe d'ironie, que certains médias présentent Chakib Khelil aux Algériens, à travers cette tournée, comme «le nouveau prophète venu cette fois des Etats-Unis et regardent la façon dont il est attendu et reçu». Belaïd Abdelaziz s'est ensuite attaqué au tandem Haddad-Saïd Bouteflika sans citer de noms. «Le comportement des décideurs et toutes les politiques sociales, économiques adoptées jusqu'ici n'ont réussi qu'à faire fuir les Algériens, à les désintéresser de la politique.» Et de préciser : «Ces gens-là n'ont pas de responsabilité au sein de l'Etat mais exercent le pouvoir. D'autres, des lobbies financiers, n'ont aucune relation avec la politique, mais ils gèrent et donnent des ordres aux institutions.» Malheureusement, ajoute-t-il, «la stabilité et la sécurité tant désirées par le peuple sont à chaque fois compromises par ceux qui prétendent l'assurer, car le désordre arrange bien les lobbies qui chassent mieux en eaux troubles». Dans le même registre, Belaïd Abdelaziz indique que «la politique conduite en ce moment en Algérie est celle de la division». «Nous devons donc combattre afin d'être à la hauteur des aspirations des martyrs qui se sont battus pour une Algérie unie», a-t-il martelé. Ancien responsable de l'Union nationale des étudiants algériens (UNEA) puis président de l'Union nationale de la jeunesse algérienne (UNJA), M. Belaïd dit pouvoir mettre ses espoirs dans la jeunesse et les étudiants pour arracher le pays des mains des décideurs et le mettre sur la voie du développement. Il prend pour exemple les jeunes de Béjaïa et les étudiants en particulier qui luttent pour les droits et un Etat moderne.