Ne voyant rien venir, les bénéficiaires des 450 logements publics locatifs de la ville de Aïn Arnat (chef-lieu de daïra situé à 7 km à l'ouest de Sétif) se sont rassemblés, hier matin, devant le siège de la wilaya pour exprimer leur ras-le-bol et rencontrer le premier chef de l'exécutif pour lui faire part de leur calvaire qui n'en finit plus, puisqu'ils ne vont pas prendre possession de leur appartement de sitôt. Croyant avoir terminé avec l'onéreuse sous-location, les déménagements d'un coin vers un autre et la précarité, les bénéficiaires de ces logements sont heureux de voir leur nom sur les listes affichées, en début de 2015, déchantent rapidement. Afin de gagner du temps, les chargés de l'opération, qui excellent dans les faux bilans, d'autant plus qu'ils ne font pas la différence entre une préaffectation et la remise des clés, procèdent le 24 avril 2016 au positionnement des bénéficiaires, par tirage au sort. En se déplaçant sur le site situé à El Anacer, où de nombreux équipements d'utilité publique (école, dispensaire, agence postale, centre de soins, terrains de sports, collège, lycée, petit centre commercial et autres) font défaut, les bénéficiaires sont, le moins qu'on puisse dire, choqués par l'état des lieux. «C'est bien beau d'afficher les listes, de procéder au positionnement des familles, mais quand on constate que les travaux ne seront pas achevés dans les délais on déprime. Les fausses promesses des responsables en charge du secteur et qui n'ont jamais tenu leurs engagements nous poussent à sortir dans la rue. Les malheureux du petit peuple attendant sur des charbons une utopique remise des clés, n'offusquent guère ces chargés de mission bien calfeutrés dans leurs bureaux. Il faut savoir que des bénéficiaires qui ne sont plus de ce monde sont partis sans savourer quelques instants de bonheur sous un toit décent», soulignent, non sans colère, des pères de famille à bout. «On ne veut pas discuter avec un chargé des relations avec le public n'étant ni plus ni moins qu'une boîte postale. On veut rencontrer le wali pour l'informer de la situation. Il faut savoir que cette histoire de VRD (voirie et réseaux divers) s'éternise. Pis encore, des blocs ne sont pas terminés, alors que d'autres ne sont toujours pas entamés. On est fatigués par le mensonge qui a la peau dure et la précarité qui influe sur la cohésion familiale, notre santé et nos petits budgets. On ne peut plus faire face à des sous-locations, qui dépassent mensuellement les 15000 DA. Pour des familles nécessiteuses, un tel montant est une fortune», révèlent nos interlocuteurs, las de ce dramatique feuilleton ne trouvant pas d'épilogue. Pour les mêmes motifs, des milliers de logements implantés dans différents coins de la wilaya de Sétif sont bloqués, au grand dam des demandeurs et attributaires. Soulignons par ailleurs que bon nombre de dossiers de la wilaya seront à l'ordre du jour de la réunion d'arbitrage qui se tiendra le 22 mai courant, au ministère des Finances. La question du nouveau quota de logements attendant une nouvelle dotation depuis un bail sera-t-elle tranchée ?