- A quel point le secteur numérique est-il important pour le marché aujourd'hui ? Par «numérique» (digital en anglais), on entend le plus souvent tous les services liés au web : vente en ligne, presse en ligne, application mobile, service en ligne… mais par extension on y inclut aussi les métiers liés plus globalement à l'informatique : développement de logiciels, architecture réseaux, intégration informatique… Certes, le numérique existe depuis plusieurs années, mais nous sommes entrés dans une phase où il révolutionne de plus en plus nos modes de consommation. Le numérique est désormais un secteur à part entière qui impacte tous les autres secteurs, de l'agriculture à la distribution. - Vous pensez que nous assistons à un changement de modèle économique ? Effectivement. Un des symboles de cette révolution ? La place de première capitalisation boursière aux Etats-Unis, longtemps l'apanage d'Exxon Mobil (pétrole, gaz), est aujourd'hui occupée par Apple qui a réalisé avec un bénéfice de 54 milliards de dollars pour son exercice 2015, le record du plus gros résultat net de l'histoire. C'est une vraie indication sur le fait que l'économie du savoir surpasse celle des matières premières. Le changement de modèle touche aussi nos modèles de vie. Grâce au numérique, beaucoup de services sont en train d'évoluer. On parle d'économie de la fonctionnalité, où l'on peut choisir de se déplacer par covoiturage plutôt que de posséder une voiture, ou encore de louer une perceuse chez un voisin plutôt que d'en acheter une, ou enfin de télécharger des plans et d'imprimer des produits avec son imprimante 3D. Nous n'y sommes pas encore, mais il est important que nous prenions conscience en Algérie de ces mutations afin de nous positionner sur l'économie de demain. Les experts parlent de frog leap (saut de grenouille) pour expliquer comment les pays émergents peuvent éviter plusieurs étapes de développement en passant directement aux meilleures pratiques. J'espère que l'Algérie réalisera ce saut de grenouille. - Miser sur le développement d'une industrie numérique en Algérie, notamment lorsque l'on voit les freins qui existent dans notre pays, c'est optimiste… Ce n'est pas un rêve ! Cette industrie existe déjà : regardez les projets qui ont été présentés lors de la conférence Oran Silicon Valley algérienne. Deuxièmement, je cite souvent l'exemple de la société wargaming, qui à Minsk, en Biélorussie, développe les applications mobiles parmi les plus téléchargées dans le monde. Je ne dis pas qu'il n'y a pas de dysfonctionnements à régler en Algérie. La conférence les a bien mis en avant : cadre réglementaire, paiement en ligne, qualité du débit… mais je dis que l'on peut déjà faire beaucoup et que nous devons avoir une démarche positive.