Le désordre qui règne dans le secteur du transport urbain s'aggrave de jour en jour. L'ouverture de ce secteur s'est effectuée dans la précipitation, sans tenir compte de règles d'accession à la profession de transporteur et de création d'entreprises de transport. Sans moyens d'accompagnement, ni contrôles appropriés des pouvoirs publics, la libéralisation a donné naissance à une quasi-anarchie. Il est devenu impossible de se déplacer dans la capitale sans se disputer avec un receveur ou subir le « diktat » des chauffeurs qui roulent à vive allure comme s'ils étaient engagés dans une course. Dernièrement, un chauffeur a refusé de transporter des citoyens sous prétexte qu'ils n'étaient pas nombreux. Pour soulager sa bonne conscience, il leur a rendu leur argent. Quand l'un d'eux a voulu faire une réclamation, il lui a répondu sèchement : « Je vous ai pourtant rendu votre argent. Alors pourquoi protester ? » Des scènes comme cela, il en existe tous les jours. Le problème de transport urbain en Algérie se pose beaucoup plus en termes qualitatifs. Des études sur la qualité de service dans les transports collectifs ont montré clairement « l'insatisfaction sur d'innombrables aspects de la qualité des transports urbains ». Il n'y a pas d'horaires de départ. Pour ce qui est du facteur confort (ambiance et état des sièges), il y a beaucoup à dire : mauvaises odeurs, musique forte et surcharge. Le transport par taxi clandestin se faufile par la petite brèche. C'est devenue une activité banalisée dans la plupart des villes algériennes. Les clandestins ont plusieurs arguments à faire valoir. Ils offrent un transport à la demande, relativement meilleur marché, de jour comme de nuit, partent vers toutes les destinations urbaines, interurbaines, voire même en internationales (départ vers la Tunisie et la Libye à partir des villes de l'est du pays). Ils proposent une qualité de service plus appréciée par les clients : les tarifs sont « négociables », le clandestin attend le client, revient le prendre et offre même le journal à lire. En Algérie, une famille débourse 3000 DA par mois en frais de transports urbains, selon une étude du Centre national d'études et d'analyses pour la population et le développement, qui précise que le bus est le moyen de transport le plus utilisé par les algériens. Le transport ferroviaire de voyageurs de la banlieue joue un rôle marginal (20 millions de passagers transportés/an). Ce service n'assure que 2,7 % seulement des déplacements motorisés de l'agglomération d'Alger, évalués à 2 millions de voyageurs/jour. En fait, soulignent les experts, les transports urbains n'ont pas pu suivre le même rythme d'évolution que l'urbanisation qui n'a pas cessé de proliférer sous le double effet de la densification et de l'extension. Les transports collectifs algérois représentent une activité sous-équipée, sous-encadrée et insuffisamment soutenue. Ils sont assurés actuellement par l'Etusa, la Sntf et les opérateurs privés. Les moyens de transport collectif sont exploités les uns indépendamment des autres, sans aucune coordination. Le projet du métro, une fois achevé, pourrait contribuer à la résolution partielle des problèmes de transport et à la maîtrise de la croissance urbaine.