A contre-courant des tendances qui versent de nombreuses publications imprimées dans l'univers du web, le site Babzman, fort de son succès, a décidé de se lancer dans une existence parallèle de magazine qui sera diffusé prochainement dans les kiosques et les librairies. Comme le site originel, qui continuera son parcours, le magazine s'intéresse au passé, sujet qui passionne particulièrement les Algériens, comme en attestent les ventes de livres historiques. L'Histoire avec un grand H, nimbée d'une touche de nostalgie puisque Bab Ezman, signifie plus la «Porte d'antan» que la «Porte du passé». Il ne s'agit donc pas d'une revue académique mais bel et bien d'un support grand public qui embrasse de manière accessible les événements historiques, le patrimoine matériel et immatériel, des éléments d'anthropologie culturelle, les légendes et arts du passé, etc. Quelques contributions de spécialistes viennent apporter des éclairages scientifiques validés par la recherche. Le magazine procède actuellement au lancement du n°1 avec une périodicité bimestrielle appelée probablement à se mensualiser, tandis que la version en arabe est en préparation. En format magazine réduit, avec une maquette originale, mais qui abuse parfois d'effets au détriment de la lisibilité, Babzman version papier propose un sommaire qui illustre bien son positionnement éditorial. Le dossier qui illustre également la couverture porte sur l'invasion de l'Algérie par les Vandales, un épisode de l'histoire nationale mais aussi maghrébine souvent méconnu mais qui a duré près d'un siècle, marquant notamment la fin de la période romaine et précédant l'arrivée des Byzantins, un envahisseur en chassant l'autre. Plusieurs articles, dont une contribution de Nacéra Benseddik, historienne et archéologue, viennent révéler de manière didactique divers aspects de la présence vandale ainsi que la résistance des Amazighs alors appelés «Maures». La rubrique «Cela s'est passé un…» propose une série d'événements liés à des dates, comme la célébration de Yennayer, la création du TNA, première institution nationalisée par l'Algérie indépendante, le bombardement de Sakiet Sidi Youcef, en Tunisie… Au chapitre des us et coutumes, on trouve un article sur les «rites kabyles, de la grossesse à l'accouchement», intéressant mais peu contextualisé. Une rubrique consacrée au nationalisme algérien porte sur la Bataille d'Alger ainsi que sur le portrait de la moudjahida Djamila Boupacha dessiné par Picasso. Le magazine diversifie encore ses thématiques avec ses rubriques Art culinaire (l'histoire du café), Patrimoine architectural (Pouillon et l'Algérie), Beauté d'Antan (le henné), ou encore Histoire de l'art avec une présentation de la peinture «L'Algérienne et son esclave» (1860) de l'orientaliste J.B. Ange-Tissier. D'autres articles viennent compléter ce sommaire qui voyage entre les périodes et les genres selon le dessein du magazine qui, selon sa rédactrice en chef, Mira Gacem, se propose de contribuer à la construction d'une «identité algérienne moderne mais fidèle aux racines anciennes». Bonne continuation.
* N° 1, Janvier-Février 2016. 98 p. Edité par Tedus, Alger. 250 DA