Troisième urgence neurologique, les accidents vasculaires cérébraux (AVC) constituent la charge la plus importante des services des urgences dans les différents CHU. En Algérie, 40 000 nouveaux cas par an sont enregistrés et les structures spécialisées de prise en charge font réellement défaut, alertent les spécialistes. Sur tout le territoire national, seulement quelques établissements publics sont dotés d'unités neuro-vasculaires qui assurent un traitement d'urgence, à savoir la thrombolisation qui doit intervenir avant les quatre heures qui suivent l'événement. Outre l'hôpital de l'armée à Aïn Naâdja, la capitale, avec ses quatre CHU, ne dispose pas encore de ce type d'unité où la présence d'un neurologue est indispensable. «Seulement Blida, Sétif, Constantine et Oran assurent ce type de traitement et on voit le patient diagnostiqué précocement récupérer de son AVC sur-le-champ», confirme le Pr Arezki, chef de service de neurologie à Blida, en regrettant que peu d'importance soit accordée à cette spécialité en marge des travaux du Congrès maghrébin de neurologie et les 12es Journées nationales de neurologie tenues depuis jeudi à Alger, et ce, durant deux jours. L' enquête réalisée par le service de Blida a révélé que sur les 3000 malades reçus aux urgences durant une période de 3 mois, 40% sont des urgences médicales, dont 30% présentent des AVC. Sur les 40 000 nouveaux cas, 30 000 sont des infarctus cérébraux (obstruction des artères) et 10% sont des AVC hémorragiques. «Dans la moitié des cas, se présentent des AVC auxquels il faut accorder une importance, d'où l'utilité d'un plan national AVC qui peut se faire assez rapidement», a-t-il encore souligné, tout en précisant que la prévention reste le meilleur traitement, notamment des personnes à risque. Avec les capacités dont dispose le pays, la mise en place d'une stratégie nationale de prise en charge de l'AVC est possible avec l'installation dans les 15 CHU d'une unité neuro-vasculaire avec un neurologue et un scanner. «Pour ce qui est des régions enclavées, notamment le Sud et les Hauts-Plateaux, il faut assurer des formations d'urgentistes et encourager la télémédecine», a-t-il proposé, en signalant que le nombre de ces accidents vasculaires cérébraux est en nette augmentation dans notre pays, alors qu'il sont en nette diminution ailleurs dans le monde. Le Pr Arezki a également signalé qu'une nouvelle technique thérapeutique validée par 6 études internationales sera prochainement introduite dans l'unité de Blida. «Il s'agit d'un geste neuroradiologique interventionnel, la Thrombectomie qui peut être utilisée avant les huit heures qui suivent l'AVC. Elle consiste schématiquement en l'introduction d'un dispositif et qu'on retire pour ouvrir l'artère. Beaucoup de pays ont adopté cette technique et l'Algérie ne doit pas perdre de temps», a-t-il encore dit. Le président de la Société algérienne de neurologie et de neurophysiologie clinique et chef du service chirurgie neurologique à l'établissement spécialisé Aït Idir, le Pr Saadi Belouiz, a également appelé à la multiplication de centres de prise en charge de l'AVC. Il a déploré l'absence de services spécialisés alors que les complications sont souvent lourdes et nécessitent une prise en charge difficile et à long terme. A cette occasion, il a exhorté les pouvoirs publics à ouvrir des services spécialisés pour prendre en charge les accidents vasculaires cérébraux appelés à augmenter en raison d'une combinaison de plusieurs facteurs, dont l'âge, le régime alimentaire, la consommation excessive des glucides et lipides, le manque d'exercice physique, le surmenage et le stress.