De nombreux civils risquent de mourir de faim en Syrie si l'aide humanitaire ne parvient pas rapidement dans plusieurs localités, a averti hier l'envoyé spécial de l'ONU Staffan de Mistura. «Il y a beaucoup de civils actuellement qui risquent de mourir de faim et ce sont tous des civils syriens», a déclaré aux médias M. de Mistura, citant notamment les localités de Daraya et Mouadamiya (près de Damas et assiégées par les forces du gouvernement) et celles de Kefraya et Foua (assiégées par les forces de l'opposition). «Il y a des rapports crédibles que dans la région de Mouadamiya, les enfants commencent à souffrir de malnutrition sévère», a-t-il ajouté, à l'issue d'une réunion à Genève du Groupe de travail sur l'accès humanitaire en Syrie. De son côté, Jan Egeland, qui dirige le Groupe de travail sur l'accès humanitaire, a expliqué que le mois de mai n'avait permis de distribuer que très peu d'aide humanitaire. Sur les quelque un million de personnes à qui les Nations unies espéraient apporter de l'assistance en mai par voie terrestre, «seulement 160 000 ont pu être atteints», a déploré M. Egeland. «Même dans des endroits où nous avions l'accord du gouvernement, nous avons rencontré d'infinis problèmes pour rejoindre les lieux et dans d'autres où nous avions qu'un accord sous conditions, comme à Daraya et Douma (fief rebelle assiégé, ndlr), nous n'avons pas du tout pu atteindre les gens», a-t-il poursuivi. Selon M. Egeland, «la situation est horriblement critique» à Madaya (localité assiégée par le régime), Mouadamiya et Al Waer. «Les enfants sont si mal nourris qu'ils vont mourir si nous ne parvenons pas à les atteindre», a-t-il affirmé. Attaques Par ailleurs, la Syrie était l'an dernier le pays le plus dangereux pour les travailleurs sanitaires œuvrant en situation de conflit ou d'urgence, loin devant les territoires palestiniens, le Pakistan et le Yémen, selon les statistiques de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) publiées hier. C'est la première fois que l'agence onusienne publie de telles données sous forme agrégée, a expliqué aux médias le directeur de la gestion des risques d'urgence de l'OMS, Rick Brennan. Les chiffres portent sur les attaques et autres formes de violence enregistrées par le personnel sanitaire ces deux dernières années dans 19 pays. «Une des choses les plus préoccupantes est que les deux tiers» des attaques «ont été délibérés», a déploré M. Brennan. Selon le rapport, 256 attaques dirigées contre des structures médicales, des personnels de santé et des ambulances ont été enregistrées l'an dernier dans 19 pays. Lors de ces attaques, 434 personnes (personnel sanitaire, patients et civils présents sur place) ont été tuées. En 2014, 338 attaques avaient été enregistrées et elles avaient provoqué la mort de 525 personnes. Pour la Syrie, l'OMS a enregistré l'an dernier 135 attaques et autres violences exercées à l'encontre du personnel sanitaire ou d'infrastructures médicales, 173 personnes y ont été tuées. En 2014, les attaques avaient été moins nombreuses (93), mais elles avaient tué 179 personnes.