La vocation du marché de gros de fruits et légumes de Attatba est pour le moment régionale. Ce marché est pourvu de 10 chambres froides, d'une capacité totale de 26 000 m3. Les transactions se déroulent au niveau de 120 carreaux couverts (7560 m2) et 48 carreaux non couverts (1940 m2). L'important pour cette infrastructure commerciale, c'est qu'elle soit mise sous haute surveillance. En plus de la cinquantaine d'agents de sécurité qui font partie des 92 personnes de l'effectif de ce marché de gros, c'est incontestablement l'existence du système de télésurveillance avec enregistrement, constituant le point le plus important, qui avait retenu notre attention lors de notre passage dans ce lieu. En effet, 12 caméras éparpillées sur l'ensemble du marché de gros balaient nuit et jour tous les angles et les espaces avec le zoom. Cet investissement aura coûté trois millions de dinars. 80% du chiffre d'affaires du marché de gros de fruits et légumes d'Attatba, selon Semsar Allel, sont réalisés par la billetterie (ndlr, colisage). Le prix de l'accès au marché varie entre 50 jusqu'à 450 DA. A l'intérieur, il existe 400 charretiers qui s'occupent du transport interne des colis et emballages de fruits et légumes. Les charretiers sont fichés et numérotés auprès de l'administration du marché de gros par mesure de sécurité. Ils doivent payer 50 DA par jour pour bénéficier de l'accès à l'intérieur du marché. Le taux de chômage à Attatba est très insignifiant. Le marché « absorbe » tous les jeunes sans emploi. Les familles nécessiteuses de la commune d'Attatba possèdent cet avantage avec la présence de ce marché. Effectivement, elles arrivent à se procurer des fruits et légumes sans difficulté. Le nettoyage à grande eau des lieux s'effectue tous les jeudis de chaque semaine. L'administration du marché de gros avait également réalisé deux investissements pour assurer l'approvisionnement en eau et en énergie électrique pour son marché sans interruption. Depuis le 1er janvier 2006, le statut juridique du marché de gros d'Attatba a changé. Son appellation s'intitule, EPE/SPA- Entreprise du marché de gros des fruits et légumes (EMAGFEL). C'est un lundi. Nos interlocuteurs, les mandataires, nous précisent que c'est la journée la plus calme de la semaine. 15 jours du mois de Ramadhan sont déjà passés. Le diktat des monopolisateurs Cette année, le légume qui continue à se maintenir en tête dans la mercuriale et alimente les commentaires, c'est indéniablement la pomme de terre. La production aura été très faible cette fois-ci , car selon nos interlocuteurs les fellahs avaient perdu beaucoup d'argent la saison écoulée et se sont abstenus de s'investir pour la 2e année consécutive dans la production de la pomme de terre. Les spéculateurs, qui voyaient le déficit venir, ont rapidement stocké la pomme de terre pour la maintenir à son prix actuel, bien que ce légume n'est pas trop consommé durant le Ramadhan. Quant aux prix du reste des fruits et légumes, après avoir connu trois journées de folie pendant la veille et les deux premiers jours du Ramadhan, ils ont chuté pour être à la portée des clients. « Il y a un décalage de 5 jours entre les prix pratiqués ici et dans les marchés de détail ; naturellement les prix aux consommateurs mettent du temps pour refléter la réalité. Nous transmettons chaque matin la mercuriale à la direction du commerce de la wilaya de Tipaza »,déclare le responsable du marché du gros. L'EMAGFEL a dépensé de son fonds propre une enveloppe financière d'un montant avoisinant les 30 millions de dinars pour bitumer les allées du marché. Les responsables tentent de récupérer les poches de terrains pour les aménager en parking pour les véhicules, car la capacité actuelle (700 véhicules) s'est avérée insuffisante. L'inexistence d'une agence bancaire à Attatba constitue un aléa pour les nombreux mandataires du marché de gros. Des fortes sommes d'argent circulent de main à main, une situation qui a été à l'origine de nombreuses agressions à l'extérieur du marché. Les producteurs et les acheteurs qui convergent vers le marché de gros d'Attatba viennent des wilayas lointaines, la sécurité n'est pas assurée lors de leurs voyages. Les mandataires profitent d'un moment de répit en milieu de journée, car c'est à l'aurore, notamment aux premières heures de la journée que leur vigilance s'accroît, afin de réaliser des gains. L'ambiance est détendue. Deux véhicules de police effectuent une ronde dans le marché avant de reprendre leur route vers Sidi Rached. Les éléments de la sécurité interne se déplacent le long des « rues » du marché, en saluant au passage certaines de leurs connaissances. Le stationnement des véhicules et la circulation des camionnettes, camions et automobiles ne tiennent pas compte d'une manière rigoureuse de la discipline interne. Bien que la sécurité des lieux semble très bien assurée, il n'en demeure pas moins que lors de notre passage en compagnie du premier responsable de cette gigantesque structure commerciale, la salle de la télésurveillance était fermée. La surveillance de ce marché à travers cet équipement de haute technologie devra logiquement être continue, sans aucune interruption. Notre interlocuteur souhaite qu'un jour la tutelle organisera une mission au profit des cadres de l'EMAGFEL dans les marchés de gros de fruits et légumes des pays développés, afin de leur permettre de s'imprégner et d'apprendre les nouvelles méthodes en matière d'organisation et de gestion, pour rendre plus performant le marché de gros d'Attatba, qui ne cesse d'enregistrer une augmentation des flux d'année en année. L'ambition des gestionnaires de l'EMAGFEL, c'est de devenir un jour le premier marché de gros des fruits et légumes à l'échelle du Maghreb, d'où leur insistance pour obtenir l'accord des autorités de la wilaya de Tipaza, pour l'obtention du terrain de l'EAI qui se trouve derrière la clôture Est du marché.