Un pouvoir en manque de vision économique et sociale» et «un système politique constitué de clans qui se font la concurrence pour vendre l'Algérie au plus offrant». C'est le résumé d'un constat établi par le président du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), Mohcine Belabbas. Intervenant à l'ouverture, hier à Alger, d'une session ordinaire du conseil national du parti, il se montre très critique à l'égard du système et des tenants du pouvoir qui sont, selon lui, prêts à «vendre le pays aux enchères». «Alors que le pays est livré à des incertitudes et périls induits à la fois par l'échec d'une gouvernance despotique et une situation régionale préoccupante, le système politique qui a ruiné notre pays se livre à une lutte de clans indécente. Chacun espère convaincre être le seul en mesure d'arrimer notre destin qui à la France, qui aux Etats-Unis. Dans cette vente aux enchères du pays, ils considèrent le citoyen comme un sujet sans voix», dénonce le leader du RCD, qui relève le fossé séparant les Algériens et leurs gouvernants. Un fossé qui devient de plus en plus large quand il s'agit des préoccupations. «Pendant que les populations s'interrogent légitimement sur leur devenir en proie à un chaos envahissant du fait de la baisse des prix des hydrocarbures, des menaces sur notre sécurité et de l'impotence du chef de l'Etat, le pouvoir s'échine à rythmer la scène politique avec des acteurs du sérail qui vantent leur préférence américaine ou leur proximité avec la France», indique-t-il. «Tous les signaux sont au rouge» Le président du RCD estime que cette situation est le résultat de la confiscation de la souveraineté nationale depuis 1962. «Cette Algérie de la soumission, nous n'en voulons pas. Nous voulons une Algérie de la dignité, digne des sacrifices de ses martyrs, digne des sacrifices de ses enfants, digne de son histoire», lance-t-il. Poursuivant son réquisitoire contre le régime en place, Mohcine Belabbas aborde le volet économique. Pour lui, le pouvoir navigue à vue face à la crise financière induite par la baisse de la rente pétrolière. «Le RCD n'est pas le seul à le dire : tous les signaux sont au rouge, notamment les agrégats macroéconomiques jusque-là irrigués par la rente pétrolière. Le pouvoir les brandissait, il n'y a pas si longtemps, comme un trophée de guerre, un label de la pertinence de ses choix. Une façon de fermer la porte au débat et de disqualifier les opposants qui ont anticipé la crise actuelle et osaient tirer la sonnette d'alarme», explique-t-il. Le premier responsable du RCD rappelle, dans la foulée, la chute libre des investissements et l'abandon de l'essentiel des projets déjà budgétisés. A cela s'ajoute «un climat des affaires qui rebute entrepreneurs nationaux et étrangers». Dans ce sens, Mohcine Belabbas déplore l'absence de règles économiques applicables à tous, faisant allusion aux multiples entraves mises devant l'homme d'affaires Issad Rebrab qui fait face à une terrible pression de la part du pouvoir en place. Estimant que les tentatives du pouvoir de trouver une solution à la crise financière, à travers notamment le lancement d'un emprunt obligataire, «sont vouées à l'échec», le patron du RCD évoque «la crise de confiance entre les gouvernants et les gouvernés». «L'appel au patriotisme et à la générosité des Algériennes et des Algériens est pour le moins déplacé. Comment espérer convaincre le citoyen de s'impliquer dans cette opération, mettre son argent dans les banques ou même pousser les barons de l'informel à bancariser leur argent quand les membres du gouvernement eux-mêmes ont fait le choix inverse : placer leurs avoirs dans des banques étrangères ou, pour certains, dans l'offshore», indique-t-il.