Le président du RCD ne mâche pas ses mots, accusant ouvertement des clans du pouvoir de s'adonner à une «lutte indécente», livrant le pays à une véritable «vente aux enchères», un pays en proie à «des incertitudes et périls induits à la fois par l'échec d'une gouvernance despotique et une situation régionale préoccupante». M. Kebci - Alger (Le Soir) - Pour Mohcine Belabbas qui ouvrait, hier vendredi, les travaux d'une session ordinaire du conseil national du parti, chacun de ces clans «espère convaincre être le seul en mesure d'arrimer notre destin, qui à la France, qui aux Etats-Unis, considérant dans cette «transaction», «le citoyen comme un sujet sans voix». Le comble ou le drame, regrette-t-il, est que cela intervient alors que le pays traverse «un moment de grande confusion politique aggravée par une paralysie de l'économie nationale qui menace les bases matérielles de la nation» et où «tous les signaux sont au rouge, notamment les agrégats macroéconomiques, jusque-là irrigués par la rente pétrolière, que le pouvoir brandissait, il n'y a pas si longtemps, comme un trophée de guerre, un label de la pertinence de ses choix. Une façon de fermer la porte au débat et de disqualifier les opposants qui ont anticipé la crise actuelle et osé tirer la sonnette d'alarme». Pendant que les populations s'interrogent légitimement sur leur devenir en proie à un chaos envahissant, du fait de la baisse des prix des hydrocarbures, des menaces sur notre sécurité et de l'impotence du chef de l'Etat, le pouvoir, affirme encore le président du RCD, « s'échine à rythmer la scène politique avec des acteurs du sérail qui vantent leur préférence américaine ou leur proximité avec la France. Voilà où le système politique qui a confisqué notre souveraineté depuis 1962 a conduit le pays : c'est-à-dire une Algérie officielle qui se débat entre une allégeance à l'ancienne puissance coloniale et une offre de reprise par le gendarme du monde». Considérant que «l'heure est grave» et que «le fossé qui s'est davantage creusé entre les institutions de l'Etat et la société qui menace jusqu'à notre devenir», Belabbas n'a pas manqué de «rendre hommage, sans démagogie aucune, à la retenue et au sens patriotique de notre population qui a su retenir sa colère devant les dérives d'un Exécutif qui a perdu tout sens de la mesure». Au sujet de la nouvelle Constitution promulguée, «rien de concret n'est venu pour confirmer «l'approfondissement du processus démocratique», conféré à cette révision, qui se devait d'apporter plus d'apaisement à défaut de légalité et de transparence surtout dans le fonctionnement des centres de décision stratégiques». Et au président du RCD d'étayer son constat par le «maintien en détention « provisoire, durant plus de dix mois, de citoyens accusés de délits politiques, à l'instar de ceux du Mzab, ce qui est «symptomatique d'un aveuglement total du pouvoir», citant les cas du secrétaire national du parti, Nacerdine Hadjadj et Nordine Krouchi et «les décès de détenus rapportés par la presse et leurs avocats qui doivent nous alerter au plus haut niveau». Parce que, a-t-il encore estimé, son parti a «depuis longtemps gagné la bataille des idées et qu'il est en train de gagner la bataille de l'action, le président du RCD a soutenu qu'il reste au RCD à gagner la «bataille du rapport de force politique». D'où son constat que «l'heure est venue de provoquer une recomposition du champ politique en faveur et autour de l'opposition, la seule chance pour l'Algérie d'éviter le chaos». Départ de Jil Jadid de la CLTD : un «non-événement» A propos du départ de Jil Jadid de la Coordination pour les libertés et la transition démocratique dont son parti est partie prenante, le président du RCD a estimé que cela «ne constitue nullement un événement». «La CLTD a été fondée par trois partis ayant boycotté la dernière élection présidentielle avant qu'elle ne soit rejointe par deux candidats à la candidature à ce rendez-vous du 17 avril 2014. Et puis, la CLTD a tenu, mercredi dernier, la plus efficace de ses réunions depuis 2015 en ce sens qu'elle s'est dotée d'une commission mixte pour étudier les divers projets de loi organique», a poursuivi Belabbas. Dont notamment celui portant institution d'une haute instance de surveillance des élections. Initiative que le président du RCD qualifie de manœuvre de plus du pouvoir pour dribbler et tromper l'opinion publique, en polluant la revendication de l'opposition portant institution d'une instance indépendante de supervision des élections, une doléance acceptée par la population et adoptée par la classe politique dans sa plus grande majorité.