C'est une triple transition : démocratique, économique et énergétique que Mohcine Belabbas entend promouvoir au même titre que l'intégration maghrébine. C'est sur l'air de la célèbre "Hasta siempre" (Pour toujours, ndlr) de la Française Nathalie Cardon dédié au révolutionnaire argentin "Comandante Che Guevara", comme pour réitérer l'ancrage au centre-gauche du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), que les organisateurs du meeting marquant le 27e anniversaire du parti ont clôturé ce qui a été hier un grand show pour son président Mohcine Belabbas. Le meeting animé à la mythique salle de cinéma Atlas de Bab El-Oued, au cœur d'Alger, a été, faut-il le souligner, un grand rendez-vous pour des centaines de militants d'Alger et ceux venus des wilayas environnantes, qui n'ont pas manqué d'ovationner Mohcine Belabbas tout au long de son long discours prononcé à l'occasion. La salle pleine comme un œuf a vibré sur le rythme des intonations du jeune leader, qui, tout en discourant en arabe, a pris le soin de souligner les passages marquants de son intervention en les traduisant, tantôt en tamazight, tantôt en français. Ainsi et tout en réitérant l'engagement du RCD dans la construction d'un Etat démocratique et social n'excluant aucun Algérien, qu'il soit résident ou venant de la diaspora, Mohcine Belabbas s'est aussi félicité de la portée des idées du parti. De la laïcité à la dissolution de la police politique, a rappelé Mohcine Belabbas, ce sont des idées qui ont été bafouées pendant longtemps à cause de la propagande des médias lourds mais qui sont désormais revendiquées par ceux-là même qui, jadis, les ont vilipendées. "Le courage de dire et la force d'agir" n'est pas un simple slogan, a martelé Belabbas. "Cela a permis de vaincre les propagandes des médias lourds et d'une administration domestiquée par la démagogie. Cela a gravé dans la vie algérienne les droits de l'Homme, la promotion des droits de la femme, la citoyenneté, l'amazighité, l'économie de production, les libertés individuelles et collectives, la laïcité, la refondation nationale, l'instance indépendante de gestion des élections, la dissolution de la police politique, toutes propositions hier condamnées et aujourd'hui revendiquées et assumées par la majorité des partis et personnalités", a-t-il énuméré. Ouverture des frontières avec le Maroc Mohcine Belabbas a appelé ses partisans à rester lucides et à contribuer, comme le RCD l'a toujours fait, de manière constructive dans l'édification de la démocratie. "L'histoire de notre jeune nation nous enseigne qu'il y a deux voies qu'il ne faut pas suivre. D'abord, celle de la violence armée et du terrorisme, parce que nous en connaissons le coût en termes de perte de vies humaines, de traumatisme et de destructions des biens. Ensuite, celle de la confiscation de la souveraineté du peuple au motif d'une légitimité historique. Vous avez tous compris que ces deux travers ont été les armes fatales du système en place dont nous subissons les échecs aujourd'hui", a-t-il asséné. Le leader du RCD a également dressé le tableau de ce qu'il ne faut pas faire sur le plan économique. "Nous savons que l'absence d'une stratégie globale de développement encourage le bricolage, l'improvisation, le populisme et la marginalisation des compétences. Nous savons aussi que l'absence d'un contrôle par des structures démocratiquement élues mène à la corruption et à la dilapidation des biens de la collectivité. Plus que cela, les 15 dernières années nous ont montré que l'abondance de ressources financières ne garantit pas le développement. Au contraire, dans un pouvoir qui souffre de légitimité populaire, la rente pétrolière a découragé l'effort et l'investissement dans le travail et l'innovation", a-t-il estimé. À ses yeux, le salut du pays demeure dans une transition démocratique pacifique et négociée qui déboucherait sur "une réorganisation administrative à même de donner du sens aux territoires par la consécration de régions dotées de larges pouvoirs afin d'impliquer le citoyen et de libérer l'initiative et l'innovation". Aussi, a-t-il ajouté, il faut "engager une transition économique pour sortir du modèle rentier ainsi qu'une transition environnementale et énergétique pour garantir un développement durable par la valorisation et la préservation de nos richesses naturelles". Mohcine Belabbas a conclu que tout cela passe par l'unification des efforts des peuples de la région nord-africaine comme voulu par les dirigeants des mouvements de libération. "Ceux qui se braquent, chez nous ou chez nos voisins, contre ce destin sont ceux-là même qui tirent bénéfice de l'isolement (...), ces deux segments qui se livrent une guerre verbale sont stratégiquement solidaires pour maintenir des pouvoirs de cooptation et d'opacité. Ouvrir les frontières c'est stimuler la compétitivité et nourrir le libre débat. C'est faire du citoyen le libre arbitre de la vie publique". Lyas Hallas