Quel sort sera réservé à la récente résolution du Conseil de sécurité condamnant l'essai nucléaire nord-coréen et décrétant une série de sanctions ? Sera-t-elle appliquée, ou servira-t-elle de détonateur à un nouvel essai coréen et même d'un conflit régional ? Telle est la question qui se posait hier après la première réaction officielle de ce pays et surtout les menaces qu'elle comporte. La Corée du Nord a, en effet, averti hier qu'elle considérait comme une « déclaration de guerre » les sanctions en question. Un porte-parole des Affaires étrangères indique : « Il va sans dire que la résolution... ne peut pas être interprétée autrement que comme une déclaration de guerre contre la République populaire démocratique de Corée (RPDC), car elle s'est fondée sur le scénario selon lequel les Etats-Unis tiennent à anéantir le système socialiste à la coréenne centrée sur les masses populaires. » Plus clairement, il n'est pas question d'accepter quoi que ce soit et encore moins un contrôle des navires entrant ou sortant des eaux territoriales de ce pays. Une réaction jugée suffisante et en tout état de cause lourde de menaces pour ne pas passer aussi facilement. C'est son voisin et néanmoins allié qui en donne le premier l'interprétation. Cette nouvelle déclaration vindicative a suscité effectivement un avertissement à la rapidité surprenante de la part de la Chine. « Le plus important maintenant est que toutes les parties concernées s'abstiennent de faire quoi que ce soit qui puisse aggraver les tensions », a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères Liu Jianchao. Pyongyang a de plus averti qu'il serait « implacable » à l'encontre de tout pays qui pourrait violer sa souveraineté dans le cadre des sanctions. « (...) nous infligerons des coups implacables et sans hésiter à quiconque tenterait de violer notre souveraineté et notre droit à survivre sous le prétexte de mettre en œuvre la résolution du Conseil de sécurité », selon le porte-parole nord-coréen. L'allusion vise clairement « l'inspection de toute cargaison à destination ou en provenance de Corée du Nord » exigée par l'Onu afin de vérifier si elles ne contiennent pas des matériels liés à des armes des destruction massive. Cette clause a suscité les craintes de la Chine et la Corée du Sud, évoquant des risques de conflit à grande échelle. Pékin a affirmé hier qu'il allait appliquer « sérieusement » la résolution de l'Onu mais a averti qu'il tiendrait compte de ses « règles commerciales et de ses lois nationales ». Le communiqué de Pyongyang intervient au moment où des activités suspectes détectées en Corée du Nord ont relancé les craintes d'un nouvel essai nucléaire. « J'ai reçu des informations à ce sujet, mais je ne peux pas révéler les détails », a déclaré le ministre japonais des Affaires étrangères Taro Aso. A Séoul, un responsable gouvernemental a également dit avoir détecté des signes suspects mais souligné qu'il ne pourrait s'agir en fait que d'activités militaires sans lien avec un essai. « Nous nous attendons à tout, mais nous sommes prudents quand il s'agit d'analyser les renseignements relatifs à la Corée du Nord », a-t-il souligné. Selon la chaîne de télévision américaine NBC, des satellites- espions américains ont détecté des activités humaines et des mouvements de véhicules près du site où Pyongyang avait fait exploser sa première bombe atomique le 9 octobre. Un responsable du renseignement américain a toutefois indiqué qu'il n'y avait aucune preuve qu'un essai soit imminent. Pyongyang avait déjà averti qu'il pourrait procéder à un nouvel essai, faisant savoir que cela dépendrait de l'attitude des Etats-Unis. Les spéculations sur la possibilité d'un nouveau test interviennent au moment où Washington lançait une offensive diplomatique visant à assurer la mise en œuvre effective des sanctions de l'ONU. Le négociateur américain sur le nucléaire nord-coréen, Christopher Hill, est arrivé hier matin à Séoul. « La Corée du Nord va payer très, très cher ce genre de comportement irresponsable », a déclaré l'émissaire. « Ce que nous devons faire, c'est de travailler très dur avec nos partenaires et alliés à la mise en œuvre de la résolution 1718 du Conseil de sécurité de l'Onu », a-t-il poursuivi. Quel est le sens de cette menace ou quelle interprétation lui donner quand on sait que le texte voté par le Conseil de sécurité, a été âprement négocié, obligeant son auteur à le réécrire fondamentalement pour en exclure toute menace directe ? Faut-il donc les prendre au sérieux quand on constate presque que l'instance onusienne a finalement pris acte d'un fait accompli ? Les seuls sinon les premiers à le faire sont les voisins de la Corée du Sud qui craignent un dérapage qui sera extrêmement dangereux pour la région.