La Corée du nord, qui lundi a mené avec succès un nouvel essai nucléaire, confirmant ainsi celui d'octobre 2006, a accueilli, hier, à sa manière, sa condamnation par le Conseil de sécurité des Nations unies, c'est-à-dire par le mépris, acceptant au passage de poursuivre ce bras de fer avec de nouveaux essais cette fois de missiles à courte portée et c'est justement ce que la Corée a fait hier. Interprétant justement le vote de lundi, une source diplomatique russe indiquait hier sous couvert de l'anonymat que l'instance onusienne réagira fermement sans pour autant isoler ce pays. « L'adoption d'une résolution dure par le Conseil de sécurité de l'ONU est inévitable. La réaction doit être assez sérieuse parce que le prestige du Conseil de sécurité est en jeu », a déclaré cette source du ministère russe des Affaires étrangères. « Il ne s'agit pas de blocus, d'isolement ou de cordons sanitaires », a toutefois souligné cette source. « La porte des négociations doit toujours rester ouverte », a-t-elle ajouté. Réuni en urgence à la demande du Japon, le Conseil de sécurité a comme prévu condamné le nouvel essai nucléaire coréen et décidé de préparer une résolution qui devrait comporter de nouvelles sanctions à l'égard de Pyongyang. « Les membres du Conseil ont exprimé leur ferme opposition et leur condamnation de l'essai nucléaire effectué le 25 mai 2009 par la Corée du Nord, qui constitue une claire violation de la résolution 1718 », a déclaré l'ambassadeur de Russie Vitaly Tchourkine, au nom du Conseil qu'il préside en mai. Ils ont décidé « de commencer immédiatement à travailler à une résolution du Conseil sur ce sujet », a ajouté M. Tchourkine à l'issue d'une réunion de consultations. Ils « exigent » que la Corée du Nord s'acquitte pleinement de ses obligations aux termes des résolutions du Conseil, ajoute la déclaration, dont l'adoption a nécessité l'unanimité des 15 membres du Conseil de sécurité. Plusieurs diplomates occidentaux ont ensuite indiqué, parfois à mots couverts, leur souhait que la future résolution comporte des sanctions nouvelles à l'encontre de Pyongyang. L'ambassadrice des Etats-Unis, Susan Rice, a elle aussi souhaité « des mesures fortes » mais sans prononcer le mot de sanctions. « Nous pensons que cela doit être une résolution forte avec un contenu d'une fermeté appropriée, mais tant que le processus de négociations n'est pas achevé, il serait prématuré de dire quel en sera le contenu », a-t-elle déclaré. L'ambassadeur du Japon, Yukio Takasu, a affirmé que l'essai nucléaire nord-coréen constituait « une menace directe à la sécurité du Japon et de l'Asie ». Interrogé sur le contenu de la future résolution, il s'est lui aussi refusé à entrer dans les détails. Il a rejeté l'idée que la résolution puisse constituer une « punition » vis-à-vis de Pyongyang, préférant employer le mot de « conséquence » de son acte. Une vingtaine d'heures auparavant, la Corée du Nord annonçait avoir effectué « avec succès » un nouvel essai nucléaire. « Ce n'est pas une surprise », faisait alors savoir le président américain Barack Obama, tandis que la plupart des grandes capitales condamnaient cet essai comme étant une violation de la résolution 1718 du Conseil de sécurité. Cette résolution, adoptée en octobre 2006 après un premier essai, interdisait à Pyongyang tout nouvel essai nucléaire ou tir de missile. Le Conseil de sécurité avait condamné le 13 avril un tir de fusée balistique effectué le 5 du même mois par la Corée du Nord et avait renforcé le régime de sanctions mis en place à son encontre en 2006. En réponse à cette condamnation et à ces mesures, Pyongyang avait annoncé son retrait des négociations à Six (Russie, Corée du Nord et Corée du Sud, Etats-Unis, Japon et Chine), l'arrêt de sa coopération avec l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) et la réactivation de ses installations nucléaires. Et à les entendre, de nombreux pays disent leur gêne à aller plus loin dans le processus de sanction afin de ne pas rompre le maigre contact avec la Corée. Les raisons des uns ne sont pas forcément celles des autres, c'est ce qui explique les pressions qui s'exercent sur certains pays et pas sur d'autres.