La protestation contre la suppression de la retraite sans condition d'âge s'organise. Entériné au début de la semaine dernière à l'issue de la 19e tripartite, le projet du gouvernement suscite la colère des travailleurs dans les plus importants secteurs, la Fonction publique et l'industrie notamment. En effet, quelques jours après l'annonce de l'abrogation de l'ordonnance 97-13 instituant le départ à la retraite sans condition d'âge, des dizaines de travailleurs contestent «ce recul sur un des acquis du monde du travail dans le pays». Les premières protestations ont eu lieu, mercredi et jeudi, à Rouiba. Elles ont été organisées par des centaines d'employés de la Société nationale des véhicules industriels (SNVI) qui ont exprimé leur rejet de la fixation de l'âge de départ à la retraite à 60 ans. «Nous assurons des tâches très pénibles. Nous sommes sous-payés et la plupart d'entre nous ont développé des maladies. Le travail jusqu'à l'âge de 60 ans et au-delà des 32 ans d'exercice doit rester un choix», soutiennent de nombreux travailleurs. Pour eux, cette décision est «une grave remise en cause des acquis des travailleurs». «C'est une mesure grave qui remet en cause les acquis arrachés de haute lutte par nos aïeux. La retraite anticipée est un droit. Et ce n'est pas à nous de payer les conséquences des politiques infructueuses du gouvernement pour renflouer la CNR», s'insurgent les manifestants de la SNVI, connus pour leur engagement pour la sauvegarde des droits des travailleurs. Selon eux, la lutte pour «l'accès à la retraite sans condition d'âge a duré plus de 27 ans» et «aujourd'hui, on nous apprend que ce ne sera plus possible dès le mois d'août prochain». «C'est impensable !» ajoutent-ils. La contestation a gagné, jeudi, les villes de Hassi R'mel, dans la wilaya de Laghouat, et Hassi Messaoud, dans la wilaya de Ouargla, où des dizaines de travailleurs de la direction régionale de Sonatrach production se sont élevés contre la décision du gouvernement. Ces derniers se disent déterminés à poursuivre la protestation contre cette mesure. Ils dénoncent également le silence de l'UGTA et la complicité de son secrétaire général, Abdelmadjid Sidi Saïd, qui n'a pas soufflé mot face à cette atteinte flagrante aux droits des travailleurs. La complicité de l'UGTA est pointée du doigt. La grogne monte aussi dans la Fonction publique, notamment dans les syndicats de l'éducation nationale. Ayant toujours revendiqué «le droit à une retraite après 25 ans de service», ces syndicats ont été surpris par cette décision obligeant de nombreux enseignants à exercer au-delà des 32 ans de travail. L'Union nationale des personnels de l'éducation et de la formation (Unpef) donne le ton. Dans un communiqué rendu public hier, ce syndicat rejette «dans le fond et dans la forme la retraite à 60 ans, en raison des spécificités du métier de l'enseignement». «L'enseignement est un métier très pénible. Il est impossible d'avoir un bon rendement à 60 ans et cela impacte négativement sur le niveau des élèves», lit-on dans le même communiqué. L'Unpef dénonce également l'absence de débat concernat le nouveau projet du code du travail, qui sera concocté uniquement par le gouvernement et l'UGTA. Pour rappel, la décision de fixer la retraite à 60 ans est justifiée, selon le communiqué de la dernière tripartite, par le souci «de préserver et consolider le dispositif national de retraite». «Les conditions actuelles ne permettent plus le maintien de ce dispositif de départ à la retraite sans condition d'âge», précise la même source.