La décision prise lors de la 19e session de la tripartite relative à l'abrogation de l'ordonnance 97-13 du 13 mai 1997, permettant aux travailleurs qui le souhaitent de partir à la retraite sans condition d'âge, continue de susciter des réactions. Après les «mouvements d'avertissement» menés par des syndicats du secteur économique, c'est au tour de ceux de l'éducation nationale de monter au créneau. Ils comptent s'organiser pour pousser le gouvernement à revenir sur sa décision. C'est le cas pour l'Union nationale de personnels de l'éducation et de la formation (Unpef) qui veut défendre des «acquis légitimes» des travailleurs. Par la voix de son porte-parole, cette formation syndicale n'a pas hésité à mettre en garde le gouvernement en le prévenant d'une forte mobilisation qui ébranlera la prochaine rentrée sociale. «Plusieurs syndicats de la Fonction publique s'unissent dans un seul but : faire avorter ce projet», prévient Messaoud Amraoui. «Nous refusons catégoriquement cette décision qui porte atteinte à un droit déjà acquis», ajoute M. Amraoui, contacté par nos soins. Pour expliciter sa position, notre interlocuteur évoque la spécificité du métier de l'enseignement. «Avec l'âge, le rendement de l'enseignement régresse et faiblit», explique-t-il. Remettant en cause les conditions de la tenue de la tripartite, le porte-parole de l'Unpef regrette le caractère bilatéral de ce conclave. Même son de cloche chez le Syndicat national autonome des personnels de la Fonction publique (Snapap-Education nationale), qui lance un appel similaire. «Nous devons nous concerter sur cette question et construire une unité d'action», appelle le syndicat relevant de la Confédération générale autonome des travailleurs algériens (CGATA). Il plaide, dans ce sens, pour une réunion qui regroupera toutes les organisations syndicales autonomes avec les sections de l'UGTA, afin de mieux faire pression sur le gouvernement. Il n'est plus permis, estime le Snapap, à aucune organisation syndicale de se retrancher derrière des revendications corporatistes. Pour ce syndicat, l'enjeu est important et nécessite de trouver la volonté et le courage nécessaires pour construire un front syndical contre l'offensive qui touche les travailleurs et les travailleuses de tout le secteur. Mais avant d'aller à l'action, le syndicat organisera des conférences pour sensibiliser ses militants et adhérents sur les répercussions de cette décision sur la vie socioprofessionnelle des travailleurs. «Une majorité de travailleuses et de travailleurs avaient accepté de tenir le coup en travaillant dans des conditions indignes en espérant sortir bientôt en retraite, mais cet espoir vient d'être tué», lit-on dans l'écrit. Le Conseil des lycées d'Algérie (CLA) qui revendique une retraite à 100% après 25 ans, suit la même démarche en appelant les fonctionnaires et les enseignants en particulier à se mobiliser pour rejeter ce projet de loi. «Le CLA considère la réforme du régime de retraite comme une provocation à tous les travailleurs, en général, et aux enseignants, en particulier, alerte le gouvernement des conséquences d'une telle décision et l'interpelle à la non-promulgation du projet de loi», soutient-il dans un communiqué. Pour contester la décision d'annuler le départ à la retraite sans conditions d'âge, des sit-in ont été observés par des syndicats du secteur des hydrocarbures et de l'industrie, comme Sonatrach, Sonelagz et la SNVI.