La situation économique dans laquelle se trouve l'Algérie actuellement était prévue depuis 2010 (cf. la demi-douzaine d'articles écrits par l'auteur de cet article entre 2010 et 2016). La situation économique n'est pas grave ni gravissime, elle est en fait ultra gravissime, car ce qui était possible à réaliser dans l'intérêt de la nation de manière endogène ne l'est presque plus. En d'autres termes, la seule solution est dans un virage à 180° en termes de conception mais aussi de mise en œuvre, nonobstant les aspects de gouvernance et de citoyenneté. L'objet de cet article est de sensibiliser les citoyens et les responsables en nous concentrant sur les derniers rapports du Fonds monétaire international (FMI) que l'on peut consulter sur internet, à savoir l'article 4 de la convention FMI relatif à l'Algérie (rapport 16/127) et le modèle structurel pour l'Algérie (rapport 16/128). L'analyse des documents établie par le FMI sur l'économie algérienne permet de comprendre les retards dans l'élaboration du modèle de croissance tant attendu. - Analyse du document dit «article 4 de la convention» établi annuellement par le FMI : ces documents se trouvent sur internet (sur le site FMI) et renseignent sur la situation macro-économique du pays, avec des prévisions sur les années futures. L'examen des documents établis de 2010 à 2016 montre que les analyses du FMI sont essentiellement de nature macroéconomique, avec une bonne description des données passées ou historiques, mais avec des erreurs sérieuses et graves en ce qui concerne les prévisions. Ces erreurs s'expliquent par le fait que le FMI considère certaines données comme exogènes, sans les vérifier ni les tester. Ceci est grave lorsqu'il s'agit de données relatives aux prévisions en matière de production et d'exportations pétrolières. A titre d'exemple, dans ses «consultations» de 2011 (article 4 de la convention), alors que les exportations pétrolières ont continuellement baissé de 2008 à 2010, le FMI retenait les hypothèses du maintien des exportations de pétrole liquide à un niveau constant de 1,3 million de barils par jour. Ceci est impossible pour deux raisons. D'une part la déplétion pétrolière qui touche la plupart des gisements anciens, en Algérie ou dans le monde, a pour conséquence une réduction annuelle de l'ordre de 5% dans la production des gisements algériens. Ceci se retrouve dans les statistiques mensuelles de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP). Ces statistiques de production et de réserves (cf. le site OPEp) ne sont pas fiables car émanant des pays membres. Cela oblige l'OPEP à ajouter, en plus de ces statistiques, des chiffres plus fiables émanant de «sources dites secondaires». - A titre d'exemple pour 2015, selon l'OPEP, le chiffre mentionné par l'Algérie est de 1,157 million de barils par jour, alors que le chiffre fiable émanant de sources dites secondaires est de 1,10 million de barils par jour. D'autre part, l'augmentation de la consommation domestique de produits pétroliers avec une croissance annuelle de 6 à 7%, ajoutée à la baisse de production due à la déplétion (5%), devrait raisonnablement conduire à une baisse annuelle des exportations d'hydrocarbures de l'ordre de 11 à 12% par an. Ceci resterait vrai même si l'on considère la montée en production en 2014 du gisement de Merck à hauteur de 100 000 barils par jour mais qui, pendant 4 à 5 années, servira uniquement au remboursement des coûts pétroliers, donc sans aucune incidence sur le budget algérien, hormis la redevance, ni sur la balance des comptes courants. Analyse du document du FMI sur le modèle économique (A structural model for Algeria, mai 2016) : ce modèle classique effectue une analyse des politiques macro-économiques et projette leurs implications. Les enseignements de ce modèle sont classiques mais ils sont totalement inapplicables concernant l'Algérie, et ce, pour plusieurs raisons. D'une part, ce modèle effectue des hypothèses macroéconomiques simplistes pour ce qui concerne l'agent économique algérien (travailleurs, entreprises, consommateurs publics et privés). Comme tout modèle économique, il est constitué de nombreux sous-modèles, en particulier celui réservé au pétrole, ressource fondamentale à la base des équilibres interne et externe. Nous ne parlerons pas du gaz naturel qui, comme tout citoyen devrait le savoir, possède une très faible rentabilité relative, voire nulle comme en 1999. S'agissant du secteur pétrolier qui contribue à 95% des exportations et à plus de la moitié des recettes fiscales de l'Etat, le modèle simplifie à outrance la représentation de ce secteur, la réduisant à une seule entreprise détenue par l'Etat et qui n'a d'unique fonction que celle de pomper le pétrole (cf. page 24 du document). Nous constatons que ce qui devait être le cœur, à savoir le sous-modèle physique du modèle global du FMI, est totalement mis de côté probablement par manque d'accès aux données techniques du secteur pétrolier algérien. Hors, le sous-modèle pétrolier est central et constitue un point de passage obligé pour le modèle global et, partant, pour l'élaboration des conclusions et des recommandations pour l'Etat algérien. En d'autres termes, il est permis de considérer que les recommandations du FMI ne reposent sur aucun fondement intellectuel sérieux, surtout lorsqu'elles annoncent une embellie après 2017. Ces résultats du modèle sont erronés car ils reposent sur des hypothèses fictives. La réalité est toute autre car une étude sérieuse montre qu'il y aura effondrement économique certain après 2017, à moins de sursaut, de courage et de vérité. Ce sursaut consiste en l'élaboration rapide d'un véritable nouveau modèle pour sauver l'économie algérienne avant la prochaine loi de finances et/ou demander au FMI de revoir sa copie, éventuellement avec l'assistance de l'Université tchèque et de son modèle, lequel a été malheureusement dégarni de ses fonctions logistiques ou exponentielles pour la partie pétrole… Ceux qui acceptent tel quel le modèle du FMI, même s'ils ignorent les méfaits de la méthode Coué, risquent d'engager l'Algérie post-2017 dans un douloureux tunnel : fin des réserves internes et externes, planche à billets, précarité des emplois, zéro exportation de pétrole entre 2020-2025, privatisations sauvages, diktat du FMI… En 2018, le FMI aura oublié son modèle tchèque mais sera à Alger pour une autre mission. Les «conseilleurs» ne sont jamais les payeurs (proverbe anglo-saxon) !