Deux projets d'amendement de la loi imposant l'obligation de réserve aux retraités de l'Anp et à ses réservistes font polémique. Les deux projets faisant obligation aux réservistes et aux militaires admis à la retraite de «s'abstenir de tout acte, tout propos ou tout comportement susceptible de porter atteinte à l'honneur et au respect des institutions de l'Etat et des autorités publiques» sous peine de mesures de «retrait de médaille d'honneur, de plainte et de rétrogradation» suscitent la polémique et la colère avant même d'arriver à l'Assemblée populaire nationale (APN). Lors de sa validation, le 31 mai dernier, par le Conseil des ministres, un communiqué de la Présidence a indiqué que ce texte est utile pour «préserver la brillante image de l'Armée nationale populaire au sein de notre société et pour maintenir également cette institution au service exclusif de la République et au-dessus des enjeux politiques ou politiciens». Mais les retraités de l'armée ne voient pas cette «obligation de réserve» sous cet angle. «Qui est habilité à appliquer une sanction, comme le retrait de la médaille d'honneur contre un retraité de l'armée devenu, en vertu de la loi, un civil ? Comment peut-on parler de rétrogradation d'un retraité, alors qu'une fois admis à la retraite, le rang se substitue au grade ? En cas d'outrage à une institution de l'Etat, le procureur général s'autosaisit pour engager des poursuites. Il exerce cette attribution au nom de la société», lance notre source. Comment peuvent-ils interdire aux millions d'Algériens qui ont fait le service national de s'exprimer ? En fait, tout le monde sait que ce nouveau dispositif a été engagé par le vice-ministre de la Défense, le général de corps d'armée,Ahmed Gaïd Salah, chef d'état-major de l'ANP, et fait suite aux déclarations du général à la retraite Hocine Benhadid qui lui ont valu d'être jeté en prison pour attendre depuis plusieurs mois un procès qui, visiblement, n'est pas pour demain. Les révélations de Benhadid sur Ahmed Gaïd Salah avaient ouvert une brèche à laquelle le chef d'état-major de l'ANP ne s'attendait pas. Les conditions de l'arrestation de Benhadid et sa longue incarcération sans procès démontrent, si besoin est, qu'«une telle situation, explique un général à la retraite, ne sera plus tolérée. La nouvelle loi est une manière de faire taire tout autre militaire, qu'il soit retraité ou non». Contacté, le premier responsable de l'association des retraités de l'ANP, le général Oudai, répond : «Nous n'avons pas été informés et personne n'a fait appel à nous au sujet de ce projet de loi. Les retraités ont un devoir de mémoire. Ils doivent parler en toute liberté…»