Le même scénario se répète chaque année, avec la même impitoyable surenchère sur les aliments indispensables durant le mois du jeûne. Durant le mois de juillet, les prix des viandes et des légumes ont connu une sensible majoration. A quelques jours du mois sacré, les consommateurs redoutent que ces augmentations ne soient que les prémices d'un autre Ramadhan douloureux. En effet, dans l'ensemble des marchés publics de la wilaya, nous avons constaté que les tarifs des légumes ont déjà pris l'ascenseur. A titre d'exemple, et alors qu'ils étaient proposés, il y a quelques jours seulement à 50 DA, le piment et le poivron ont atteint, voire dépassé les 100 DA. Il en est de même pour les haricots verts et le citron, qui sont passés de 50 DA à respectivement 100 et 160 DA. La liste de l'ascension fulgurante des prix est loin d'être exhaustive. Une tournée au niveau des étals vous renseigne que le constat est loin d'être une simple vue de l'esprit. Même la salade verte commence à prendre des altitudes, puisque de 30-40 DA, elle s'écoule actuellement à 60 DA le kilo. Signalons, dans la même veine, que la tomate cédée auparavant à 25 DA, est vendue à présent à 50 DA. Les chefs de famille et les ménagères ne comprennent pas cette brusque et coutumière envolée de la mercuriale à chaque fois que le mois de jeûne est dans l'air. Venu faire ses emplettes au marché de la ville, Aïssa, un père de famille ayant 5 enfants à charge, assure: «C'est à peine croyable, les prix des légumes ont augmenté de 30 à 50% en une semaine. Pour ne parler que de la nourriture du pauvre (la pomme de terre), cette dernière est passée de 25 à 40 DA.» Tout au long de notre virée dans les principaux marchés, nous avons également remarqué que rares sont les commerçants de fruits et légumes qui affichent les prix de leurs produits. Viandes rouge et blanche: des prix prohibitifs Les ménages doivent également faire face aux prix exorbitants des viandes rouges et du poulet. La couleur en est d'ores et déjà annoncée. Pour s'en convaincre, il n'y a qu'à faire un saut chez les bouchers et les marchands de volaille. A Mila, Ferdjioua, Chelghoum Laïd, en passant par Tadjenanet Téleghma et Grarem, partout c'est la sinistrose. Les clients boudent les étals à la vue de la mercuriale brûlante, qui décourage les plus tenaces. «Inadmissible», lance une vielle dame outrée devant une boucherie. «Dieu du ciel, que s'est-il passé ? La viande hachée se vendait il y a à peine quelques jours entre 750 et 800 DA et maintenant on la taxe à 1 000 DA !» Le désarroi des ménages ne s'arrête pas là. Au niveau de la totalité des magasins, la viande bovine et celle ovine sont cédées, dans l'ordre, à 800 et 900 DA/kg, soit une augmentation de 15 à 20%, alors que le kilo du poulet évidé s'est stabilisé dans la fourchette des 320-340 DA. Dans cet embrouillamini de relents de grande spéculation, les commerçants, les bouchers, les détaillants et grossistes de légumes, se rejettent la balle. Ces derniers accusent «les marchands informels et les circuits intermédiaires de distribution, non assujettis au contrôle, d'imposer leur diktat et d'être à l'origine de la flambée des prix». Pour Lakhdar, un ancien marchand de fruits et légumes, il ne fait aucun doute que «ce sont les mandataires du marché de gros qui font la pluie et le beau temps; ils influent directement sur les prix des marchandises en décidant, soit d'inonder le marché, soit de stocker les cargaisons de marchandises à des fins inavouées de spéculation». La régulation du marché et le contrôle restent, quant à eux, des slogans creux.