Le ministre des Moudjahidine, Tayeb Zitouni, a affirmé, jeudi à Alger, que le dossier de la restitution des ossements de résistants algériens du début de la colonisation française, dont les restes sont entreposés au Musée de l'homme de Paris, était «prise en charge par l'Etat». Dans une déclaration à l'APS en marge d'une conférence au Musée national du moudjahid à l'occasion du 171e anniversaire des enfumades de la tribu de Ouled Riah, dans la chaîne montagneuse du Dahra (Mostaganem), M. Zitouni a assuré que son département œuvrait actuellement en collaboration avec le ministère des Affaires étrangères pour une «prise en charge optimale de cette question dont l'histoire remonte à plus d'un siècle». La déclaration du ministre des Moudjahidine intervient alors que le premier responsable du Musée de l'homme de Paris s'était dit «prêt» à examiner «favorablement» la demande de restitution des 36 crânes de chouhada, résistants algériens, conservés depuis plus d'un siècle. «Nous sommes prêts à examiner favorablement la demande de restitution des crânes des Algériens conservés dans notre musée», a affirmé dans un entretien à l'APS le directeur des collections au Museum national d'histoire naturelle de Paris, Michel Guiraud, tout en soulignant qu'il n'y a «aucun obstacle» juridique pour leur restitution. Ces restes sont «nommés» (identifiés), donc «nous considérons forcément qu'ils peuvent sortir du patrimoine et nous attendons seulement des décisions politiques», a-t-il précisé, tout en rappelant que la démarche devrait se conformer à la procédure en vigueur pour que la demande soit prise en considération. C'est une pétition lancée en ligne par Brahim Senouci, enseignant algérien établi en France, qui a révélé cette affaire. La pétition, qui a recueilli plus de 700 signatures, a été remise au responsable du Musée de l'homme ; elle demande le rapatriement en Algérie des restes des héros algériens pour y recevoir une digne sépulture. Selon des précisions du texte, les restes, des crânes secs pour la plupart, datant du milieu du XIXe siècle, appartiennent à Mohamed Lamjad Ben Abdelmalek, dit Cherif Boubaghla (l'homme à la mule), à Cheikh Bouziane, le chef de la révolte des Zaâtchas (région de Biskra) en 1849, à Moussa El Derkaoui et à Si Mokhtar Ben Kouider El Titraoui. La tête momifiée de Aïssa Al Hamadi, qui fut le lieutenant de Cherif Boubaghla, fait partie de cette découverte, de même que le moulage intégral de la tête de Mohamed Ben Allel Ben Embarek, lieutenant de l'Emir Abdelkader.