Le réseau internet sera-t-il coupé aujourd'hui pour éviter la fuite des sujets du bac ? La rumeur, qui a circulé avec insistance sur les réseaux sociaux ces derniers jours, a jeté le trouble. Contactée, une source au ministère de la Poste et des Technologies de l'information et de la communication nous a dit qu'elle «n'était pas au courant de cette opération». Même son de cloche du côté de l'Autorité de régulation de la poste et des télécommunications (ARPT). «Internet ne sera pas suspendu durant ces secondes épreuves du baccalauréat contrairement à ce qui a été rapporté», a indiqué à Dzaïr TV Abdelouhab Guellil, chef de cabinet au ministère de l'Education nationale, selon une information rapportée par le site mobilealgerie.com. Mais certains affirment que seuls facebook et twitter seront coupés. Contacté, Ali Kahlane, président de l'Association des opérateurs des télécoms alternatifs, affirme ne pas croire à ces rumeurs : «Cela n'a aucun sens. Au niveau d'un Etat, on ne peut pas s'amuser à le faire, l'économie du pays en dépend. Couper internet ne règle pas le problème. Souvenez-vous de la coupure du câble où Algérie Télécom avait perdu 80% de ses capacités, on a vu ce qui s'est passé. Je ne crois pas une seconde que ce soit une éventualité à envisager.» Pour lui, «tous les pays du monde vivent des problèmes de fuites, y compris d'informations au niveau des entreprises. Il faut s'en prémunir, les réseaux sociaux qui accélèrent la fuite ne sont pas la source du problème. En 1992, il n'y avait pas d'internet et pourtant des fuites au bac ont été localisées à certains endroits. Sauf que cette fois-ci, avec la puissance des TIC, une fuite se répand plus rapidement et tout le pays est au courant des sujets, de Tam à Alger. L'origine est la même : une personne au niveau de l'imprimerie donne le sujet à sa fille ou à une connaissance et il se retrouve sur les réseaux sociaux». En fait, il insiste pour démontrer que le réseau social n'y est pour rien : «On peut envoyer les sujets de main en main, par fax ou par téléphone.» D'après M. Kahlane, ce que les autorités peuvent faire, c'est «brouiller les centres d'examen». Une coupure volontaire d'internet pose en réalité un problème légal majeur. Qui, en Algérie, a la prérogative de déconnecter le pays ? Il existe un vide juridique à ce sujet. L'option d'une coupure complète d'internet aurait une incidence désastreuse sur les flux économiques et le fonctionnement des services de l'Etat. Les services de la DGSN spécialisés dans la lutte contre la cybercriminalité n'ont pas chômé lors du déroulement des épreuves du baccalauréat. Ils ont réussi à pister 31 internautes soupçonnés de publication de sujets du bac «fuités», selon le chef de cabinet du ministère de l'Education nationale.