Pour ses temps fastes, Souk Ahras faisait appel à des troupes de pays étrangers pour l'animation des soirées qui étaient fortement rétribuées. De quoi provoquer l'ire des artistes locaux. Pour ses temps de vaches maigres, les responsables des secteurs concernés et les communes, demandent avec insistance, à ces derniers, de faire acte de présence et honorer leur agenda culturel. Les artistes comme les gestionnaires de la chose culturelle ont failli, les premiers à leurs droit et statut, et les seconds à la création d'assises fortes, capables de donner vie aux spectacles sans subsides de l'Etat. Soit. Ce Ramadhan, l'improvisation a été encore une fois au rendez-vous. «Aucune maison de jeunes n'a pu égayer ces milliers de jeunes oisifs qui arpentent à longueur de journée (et de nuit) les artères de Souk Ahras, Sédrata, M'daourouch…pour n'en citer que ces trois communes. Les structures, d'habitude pleine de vie ce mois-ci, n'arrivent pas à sortir de leur léthargie», a avoué un cadre du secteur de la jeunesse et des sports. Il a également déploré l'absence d'initiative de la part des associations à caractère culturel, versées dans leur majorité dans le circuit propagandiste et/ou les sorties de complaisance quand l'officiel est présent. La direction de la culture et le théâtre régional Mustapha Kateb ont, toutefois, réussi à faire sortir quelques gens de chez eux grâce à un programme concocté quelques jours avant le mois sacré. Avec une moyenne de trois soirées musicales/semaine, la salle Djoued Nouredine a drainé un certain nombre de mélomanes de la musique Malouf et Chaabi. Ce sont les troupes «Ziryeb», «El-Motribia», «Ichbilia»… qui, sous la houlette, des Malki, Bouraoui, Rekab, Zellagui…de combler un tant soit peu l'espace culturel, ô combien vacant ces jours-ci. Mansour Bouraoui, l'un des musiciens conviés à ces soirées s'est exprimé à ce sujet. «Notre objectif est d'abord de perpétuer nos us et coutumes culturels et ensuite l'animation proprement dite. La musique c'est aussi un comportement, un vestimentaire adapté au genre musical, un verbe et des connotations…Le public de Souk Ahras en est conscient et c'est pour cela qu'il ne rate pas l'occasion d'aller à la rencontre de toutes ces troupes» a-t-il dit. Les représentants des autres genres musicaux, dont le chaâbi, le raï et le hip-hop sont du même avis. «L'expression musicale et culturelle en général est indispensable pour l'épanouissement de la société et c'est un langage, des comportements, des réflexes…qui naissent avec une bonne présentation et un rythme agencé aux humeurs des spectateurs», a expliqué Salim, un raiman local. Le théâtre régional Mustapha Kateb a de son côté arrêté un programme de 52 pièces théâtrales pour ce mois de jeûne. Des troupes d'Alger (théâtre d'El-Bahdja), de Relizaine (coopérative Bouras Edhahra), de Tebéssa (association Walaa), de Batna (association Rajaa), de Constantine, de Sétif, d'Oum-El-Bouaghi, de Guelma, de Biskra, d'Oran et de Skikda ont donné une portée nationale à ce rendez-vous culturel pour lequel le directeur du théâtre régional de Souk Ahras, en l'occurrence Azzedine Djabali, accorde une importance capitale. «Avec la production-réalisation de chefs d'œuvres tels que l'As et Apulée de Madaure, le théâtre de Souk Ahras ne peut qu'aspirer à maintenir ce niveau atteint et à la création d'un pôle d'attraction théâtrale dans cette wilaya», a-t-il déclaré récemment à El Watan. Ceux qui refusent la léthargie ambiante, offrent une lueur d'espoir…