La route de Djebel Ouahch se termine à 980 m d'altitude. Elle cède la place à un chemin rural. Après 200 m de marche, Dar Errahma, adossée à la forêt de Djebel Ouahch, en face de l'autre forêt de Draâ Naga, offre à ses pensionnaires un paysage unique. Trois pavillons sur 2 ha. Le terrain est une donation d'une célèbre famille constantinoise. De quoi assurer un toit dans la dignité pour 137 personnes dont 48 femmes, une dizaine d'enfants et 40 femmes cancéreuses reçues durant leur période de traitement qui dure six semaines au centre anticancéreux du CHU de Constantine. « Depuis son ouverture en août 2003, l'établissement a accueilli 1338 personnes et demeure toujours ouvert aux SDF et autres cas sociaux qui se présentent », rappelle son directeur, Nacer Djemaâ. La plupart des pensionnaires sont des victimes des fléaux sociaux, mais aussi des femmes répudiées et chassées par leurs époux, qui y sont venues chercher refuge avec leur progéniture. Le centre est surtout un lieu de transit qui offre la protection à ces personnes pour un séjour fixé à trois mois dans l'attente du règlement de leur situation. En matière d'encadrement, Dar Errahma, qui bénéficie d'un budget respectable, emploie 51 personnes dont 16 encadreurs, 2 médecins et 3 psychologues. La mission d'assistance aux personnes en difficulté ne se passe pas sans problème. Pour le premier responsable du centre, les opérations de ramassage des SDF effectuée par la force finissent toujours par échouer. L'on nous apprend cela : « Les personnes ramenées à Dar Errahma choisissent de partir, attirées par le gain facile de la mendicité dans les artères de la ville. On n'a aucun pouvoir pour les retenir. » Alors que le lieu offre les conditions pour un bon accueil, il souffre de la défectuosité d'une bonne partie de son chauffage central dans une région où l'hiver est très rude. L'absence d'une ambulance et de véhicules de liaison constitue un énorme handicap pour une administration qui s'efforce à garantir autant que possible l'ambiance familiale à ses pensionnaires. Chose qu'on a bien pu vérifier lors d'une soirée ramadhanesque animée où des femmes ont oublié pour un moment leur détresse.