Les habitants de la cité des 600 logements sont perplexes devant la persistance de leur isolement. Construite sur les espaces de l'ancienne décharge publique de Mostaganem, à la lisière du Djebel Ed-Diss, cette nouvelle agglomération vient de s'enrichir d'un voisin de taille. En effet, le dernier-né des sites de l'université de Mostaganem, qui en comptait pas moins de cinq, a été érigé en intégrale mitoyenneté avec ce quartier périphérique. Alors que ces terres étaient vouées à une jachère perpétuelle du fait de la rareté de l'eau et de l'extrême perméabilité des sols, l'érection d'une cité que viendra conforter l'émergence d'un pole universitaire, devaient faire de ce nouveau quartier une zone d'activité de premier ordre. Pendant que l'université projette l'ouverture de ses activités dès la présente rentrée, les habitants sonnent l'alerte en ce qui concerne les mesures d'accompagnement tant promises et qui tardent à être concrétisées. Selon un président d'association, le nouveau quartier manque de tout. Ni pharmacie, ni centre de santé, ni le moindre magasin d'alimentation, à telle enseigne que, pour acheter une baguette de pain, les centaines d'habitants sont obligés de prendre un bus ou un introuvable taxi jusqu'à Tigditt pour s'y approvisionner. Ce qui pourrait expliquer en partie le désintéressement actuel de la population qui, malgré plus de 12 000 demandes de logements déposées à la mairie, les candidats à l'acquisition d'un appartement dans ces terres de pacage intermittent ne se bousculent point. C'est ainsi que, selon notre interlocuteur, alors que le nombre de logements disponibles serait de 702, seuls 400 seraient occupés. Une occupation temporaire à croire les avis de nombreux bénéficiaires qui parlent de leur désappointement devant l'ampleur des difficultés quotidiennes. Alors que l'ouverture du site universitaire serait imminente, nos interlocuteurs appréhendent cette échéance qui devrait se traduire par l'arrivée d'une population estudiantine d'au moins 2 000 personnes aussi exigeante que désinvolte. Conflits de voisinage Nul doute que la promiscuité de ces deux populations aux exigences différentes peut déboucher sur des conflits de voisinage que redoutent les habitants. Et ce ne sont pas l'inexistence de lieux de loisirs - salles de jeux, aires de sports, cybercafés -, ni l'absence du moindre épicier, voire celle d'un simple kiosque multiservices, qui font craindre le pire à ce citoyen désemparé. Son souci le plus profond est causé par certains bénéficiaires de ces logements LSP qui s'en serviraient à des fins scandaleuses et qui ont fait réagir parfois à la limite de la violence les habitants. Pourtant, pour ce quinquagénaire d'origine rurale, l'irruption du pole universitaire pourrait servir de catalyseur à une véritable vie harmonieuse entre les différentes couches sociales. A condition, soulignera-t-il, que des jeunes désœuvrés du coin puissent bénéficier en priorité des nombreux emplois qu'offriront les structures universitaires. Une promesse en ce sens aurait été émise par les responsables locaux. Sera-t-elle honorée ? La question est sur toutes les lèvres. En tous cas, les jeunes et leurs parents rencontrés sur le site sont sur le pied de guerre. Ils sont tout à fait décidés à faire valoir leur droit à l'emploi et n'hésitent pas à citer, en exemple à méditer, la discrimination de l'emploi dans les zones pétrolières du Sud et les dernières émeutes qui ébranlèrent Ouargla et sa région. Dans cette cité balayée par les quatre vents, l'ouverture d'un accès à une délégation ministérielle, conduite conjointement par Rachid Harraoubia et Med Nédir H'mimid, en août dernier, et qui avait nécessité l'obstruction totale d'un ravin, constitue une hantise permanente. Pour ce père de famille, si l'obstruction de ce talweg naturel n'est pas levée avant les premières précipitations, il craint qu'une pluie torrentielle, emportant dans sa furie les tonnes de remblais, ne les dépose en aval sur l'unique école primaire de l'agglomération. Faisant ainsi courir aux enfants un danger persistant.