Le président du FNA, Moussa Touati, ne cache pas ses craintes de voir les prochaines élections législatives entachées par une fraude électorale. La révision constitutionnelle n'est nullement une préoccupation immédiate pour Moussa Touati, président du Front national algérien (FNA). Lors de son passage, jeudi dernier, au Forum hebdomadaire de la Chaîne II de la radio algérienne, M.Touati a jugé « impropre » de procéder, dans la conjoncture actuelle, à la révision de la loi fondamentale du pays. « Ce n'est pas le moment de s'échiner à revoir la Constitution. Je pense que même le président de la République n'inscrit plus cette question parmi ses priorités. Il n'en a plus reparlé d'ailleurs depuis qu'il a annoncé un éventuel référendum sur la question avant la fin de l'année », a-t-il soutenu. Le président du FNA trouve également « indécent », voire « antidémocratique » qu'un tel projet soit préparé par une formation politique, quelle que soit son aura, ou qu'il soit imposé par les gouvernants sans qu'il y ait au préalable un débat libre et transparent auquel participeront tous les segments de la société. « Encore une fois, sans nous consulter, ils veulent nous demander de cautionner ce projet », lâchera-t-il avec ironie, évoquant au passage les quatre précédentes Constitutions qui ont été amendées sans la consultation ni même le consentement du peuple. « Il faut que les gouvernants ouvrent le dialogue avec les gouvernés pour savoir d'abord quelle constitution veulent ces derniers et les faire participer ensuite à l'élaboration de ce projet de révision », a-t-il martelé. Sans cela, le président du FNA ne voit aucune utilité pour l'Algérie de revoir la loi fondamentale. Pour lui, le plus important pour le moment est de prendre en charge « les problèmes d'insécurité » des Algériens. Sans se référer aux derniers massacres perpétrés par les terroristes au Centre comme à l'Ouest, le président du FNA estime que la question sécuritaire est « complexe » et nécessite un travail de longue haleine. Dans le même contexte, il exprimera son refus catégorique que les délais de grâce accordés aux terroristes par les textes de la charte pour la paix et la réconciliation nationale soient élargis. Il appelle à cet effet les autorités du pays à respecter la loi. Sur un autre chapitre, celui des prochaines élections législatives, M.Touati dira que son « jeune » parti, qui a déjà créé la surprise en 2002 en « arrachant » huit sièges à l'APN et plus de 500 autres au niveau local, est « prêt » à entrer dans cette compétition, pourvu que les règles de transparence soient respectées. Ainsi, et à juste titre, M. Touati n'a pas caché ses appréhensions quant au risque que l'administration en charge de ce scrutin, qui est entre les mains des partis au pouvoir, soit tendancieuse et favorise un parti par rapport à un autre. « Notre souci est la manière de surveiller ces élections », a-t-il indiqué. Cependant, pour M.Touati, avoir des élus n'est pas une fin en soi. Il faudra que ces derniers suivent et appliquent le programme de leur parti pour lequel ils ont été choisis. Pour ce faire, le président du FNA propose carrément la révision du code des partis de telle sorte à avoir le contrôle des partis sur leurs élus. D'après lui, l'absence de contrôle a fait qu'aujourd'hui « certains députés ne cherchent que le salaire, les primes et les avantages que leur offre leur poste au sein de l'Assemblée ». M. Touati relève aussi l'incapacité du Parlement à contrôler l'action du gouvernement. Incapacité qui est due, selon lui, à la nature du système. C'est ainsi qu'il souhaite l'instauration d'un régime parlementaire, « qui réhabilitera l'élu en tant que représentant du peuple, son garant et le protecteur de ses intérêts ». Sur un autre volet, celui des relations bilatérales avec la France, M. Touati n'a pas hésité à conditionner la signature d'un traité d'amitié et de bon voisinage avec ce pays par le pardon et la reconnaissance officielle de tous les crimes et exactions qui ont été commis en Algérie durant la guerre de Libération nationale.