Le ministre de l'Intérieur, Noureddine Bedoui, qui a réuni, hier au siège de l'APW à Daksi, les walis des 14 wilayas de l'est du pays, n'a pas distribué de mauvais points, mais n'a pas caché son insatisfaction quant à la cadence du développement local. Noureddine Bedoui, qui a réuni, hier au siège de l'APW à Daksi, les walis des 14 wilayas de l'est du pays, n'a pas distribué de mauvais points, mais n'a pas caché son insatisfaction quant à la cadence du développement local. «Les wilayas de l'Est du pays sont enclines à l'investissement, mais cela reste insuffisant. Les walis doivent trouver des ressources indépendamment de l'Etat», a-t-il souligné. Ainsi, sans ambages, la couleur est annoncée. L'Etat veut actionner les leviers économiques locaux. Pour ce faire, la collectivité est appelée à devenir un maillon du processus de développement. «La dernière rencontre gouvernement-walis a balisé cette vision et son évaluation nous incite à mieux faire», a lancé M. Bedoui à l'adresse des chefs de l'exécutif. Et à lui d'ouvrir une parenthèse sur son passage dans certaines wilayas de l'Est, dont Sétif et Constantine, où il a exercé les mêmes fonctions que ses vis-à-vis d'aujourd'hui. «De par mon expérience à l'Est, les potentialités de certaines wilayas sont non négligeables. Le rayonnement économique de Annaba, ou les atouts touristiques de Jijel et Béjaïa sont toutefois loin d'être optimalisés», a-t-il ajouté. Il a aussi fait remarquer que paradoxalement à l'Ouest où le développement est centralisé autour d'Oran, à l'Est il existe plusieurs pôles productifs susceptibles de propulser l'économie locale. Lors de cette rencontre, qui s'inscrit dans le cadre d'une série visant l'évaluation permanente des avancées locales, le ministre de l'Intérieur a usé par moment d'un ton menaçant envers les gestionnaires réfractaires en déclarant : «Le wali est le premier responsable de l'exécution de la nouvelle stratégie.» Auquel cas, les concernés auront certainement à répondre de leurs actes. Face à cette exigence, l'Etat a mis en place une batterie de textes et de dispositions pour l'accompagnement des collectivités dans leur quête de développement et de modernisation. «Des mécanismes seront élaborés pour diversifier les richesses locales», a encore seriné M. Bedoui qui insistera sur le contrôle des actes de gestion, unique bouclier contre la corruption. Le contexte local ne peut se dissocier de celui national et, par ricochet, les collectivités subissent de plein fouet cette politique d'austérité dictée par le gouvernement et qui a fortement ralenti le rythme de développement. D'où ce canevas en matière de gestion pour diversifier les recettes. Le ministre a minimisé l'impact de la chute du prix du baril du pétrole : «Alors que d'autres pays subissent les affres de la crise économique, notre pays résiste parce qu'il a anticipé les retombées grâce à une vision globale.» Une perte sèche de 12 milliards de dinars Partant du constat que chaque région dispose de spécificités et d'atouts, le gouvernement, par la voix de son ministre, ambitionne un programme de développement équitable qui ne laissera aucune région à la traîne. Officiellement, 62% des communes algériennes sont déficitaires et vivent des dotations de l'Etat. Pour y remédier, les maîtres-mots sont l'assainissement du foncier industriel, la libération des initiatives d'investissement et l'abandon de la mentalité rentière. «Le temps de la dépendance aux finances publiques est révolu, c'est à vous de créer vos richesses par l'investissement, l'augmentation des recettes, la revalorisation du patrimoine et du foncier local», a assené le ministre. Ces carences relevées dans la majorité des 4541 communes du pays sont à pallier au plus vite pour que les trésoreries locales puissent se renflouer. A ce titre, les statistiques fournies par Youcef Roumane, directeur au ministère de l'Intérieur, sont éloquentes. Sa présentation du bilan du développement économique local a levé le voile sur une certaine gestion peu rationnelle. Il est attesté que pour le cas des 14 wilayas de l'Est, il y a un manque à gagner de 12 milliards de dinars concernant uniquement les marchés de proximité et le programme des 100 locaux. Le tableau de l'exploitation foncière est aussi peu reluisant. Sur 14 454 dossiers acceptés par le Calpiref, 510 projets ont été lancés et seulement 38 sont opérationnels.