«Il faudrait que l'on dise, haut et fort, que nous sommes tous défaillants». Le propos est celui de Noureddine Bedoui, ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales. Dans un discours prononcé samedi devant les walis de 14 wilayas de l'est du pays réunis à Constantine, le ministre n'y a pas été avec le dos de la cuillère pour fustiger la faiblesse des collectivités locales en ces temps de crise. «Le peu de la rente pétrolière nous suffit à peine pour verser les salaires des fonctionnaires», a lâché Noureddine Bedoui, expliquant que «le pétrole est fini et qu'il n'y a plus d'argent», avant d'ajouter : «Ce sont là les vérités que l'on doit, les uns les autres, se dire.» Le ministre de l'Intérieur qui n'a pas été, lors de la dernière rencontre avec les walis de l'Ouest, jusqu'à faire son mea-culpa, ne s'en est pas gêné, cette fois-ci. «Si de ces vérités émerge la mobilisation, c'est bon. Sinon, chacun est prié de partir», dit-il. Des propos d'une rare franchise pour un membre du gouvernement qui continue, malgré toutes les mesures décriées et antipopulaires prises, à vendre l'idée d'avoir réussi à résister à la crise. Noureddine Bedoui, lui, dit tout le contraire : «Il faudrait qu'on le dise, haut et fort, que nous sommes tous défaillants», a-t-il conclu. Un véritable coup de gueule dans le dos de l'Exécutif, et qui renseigne de la situation dans laquelle se trouve l'Algérie sur le plan économique. L'Etat semble pourtant déterminé à remédier à cette difficulté en s'appuyant sur les collectivités locales. Investir, créer des richesses et générer de la fiscalité est le mot d'ordre. Sauf que c'est, sans exagération aucune, trop dire parfois aux walis, contraints et/ou habitués à fonctionner avec l'assistanat à travers les budgets centraux. Certes, il s'agit d'une anomalie qui doit disparaître. Mais, force est de constater que sur le plan pratique, les walis ont presque les mains liées du fait de la législation qui n'offre pas assez de prérogatives et de mobilité, notamment en ce qui concerne l'investissement. Comment peut-on exiger des commis de l'Etat au niveau local des résultats lorsqu'au niveau central l'on continue de fonctionner au ralenti, vu le nombre de projets bloqués ou qui traînent ? N'y a-t-il pas matière à faire son autocritique d'abord ? C'est apparemment ce que semble décidé de faire le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales en reconnaissant «la défaillance» à tous les niveaux de gestion. Le 13 juin dernier, à Oran, Noureddine Bedoui avait déclaré que «l'ère des dotations financières centralisées pour faire face aux dépenses de fonctionnement est révolue». Invitant les walis à fournir plus d'efforts, il dira que leur rôle est de «faire des wilayas un soutien essentiel de développement pour l'Etat et non une charge à supporter». Mais, cette fois-ci, le ministre a franchi le cap, et contre toute attente, il «dénonce», pour ainsi dire, l'échec et des Collectivités locales et de l'Exécutif à apporter des solutions à la crise économique. Il était temps.