L'Irak a entamé hier trois jours de deuil national au lendemain d'un attentat sanglant à Baghdad, qui a mis l'accent sur l'échec des autorités irakiennes à instaurer des mesures de sécurité efficaces contre les terroristes du groupe autoproclamé Etat islamique (Daech). Dimanche, un attentat à la bombe est survenu dans le quartier de Karrada, où de nombreux habitants font leurs courses avant la fête de l'Aïd El Fitr, marquant la fin du mois sacré du Ramadhan. L'attaque, l'une des plus meurtrières qu'ait connue l'Irak, a fait au moins 213 morts et 180 blessés, selon un dernier bilan des autorités irakiennes, à qui il est reproché un manque d'efficacité à lutter contre l'organisation terroriste, en dépit de l'aide de la coalition internationale dirigée par les Etats-Unis qui entraîne les forces irakiennes dans le cadre de la lutte antiterroriste. Face à cette situation, le Premier ministre irakien, Haider Al Abadi, qui s'est rendu sur les lieux du drame dimanche, a promis de «punir» les responsables, selon son bureau. M. Al Abadi a également annoncé la modification des mesures de sécurité, notamment le retrait de détecteurs d'explosifs dont l'efficacité avait été mise en doute. Il a ordonné au ministère de l'Intérieur d'accélérer le déploiement du «dispositif Rapiscan pour la fouille de véhicules» à toutes les entrées de Baghdad, où se pressent chaque jour des milliers de poids lourds et de voitures particulières. Le Premier ministre a en outre interdit l'utilisation des téléphones portables au personnel de sécurité en service. Quant aux détecteurs d'explosifs «inefficaces», ils seront retirés. Un chef de la police avait récemment affirmé que les forces sécuritaires irakiennes continuaient d'utiliser ce dispositif cinq ans après le scandale de sa vente à l'Irak. Les détecteurs d'explosifs ADE 651 ont été vendus à l'Irak par un homme d'affaires britannique, condamné à 10 ans de prison pour la «mise en danger de la vie d'autrui à des fins mercantiles». L'attentat de Karrada est survenu une semaine après la perte par l'EI de son fief de Falloujah, une ville de l'ouest de l'Irak tombée le 26 juin aux mains des troupes progouvernementales soutenues par la coalition internationale, après une offensive de plusieurs semaines. La dernière attaque majeure de l'EI à Baghdad remonte au 17 mai, lorsqu'un double attentat contre deux quartiers avait fait près de 50 morts et plus de 100 blessés.