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Pour fructifier les prébendes, chacun sa sauce
Filière De La tomate Industrielle
Publié dans El Watan le 11 - 07 - 2016

C'est hier, dimanche 10 juillet, qu'a été donné le coup d'envoi de la campagne récolte/ transformation de la tomate industrielle. Les acteurs intervenant dans la filière parlent d'une campagne fort prometteuse.
Après ceux réalisés en 2014-2015 (plus de 120 000 tonnes) et 2013-2014 (90 000 t), devrait être atteint, cette année, un nouveau record en termes de production, notamment à l'est du pays, où les 17 usines existantes assurent, à elles seules, plus de 95 % des besoins nationaux en double concentré de tomate (DCT) qui oscillent entre 70 000 et 80 000 tonnes/an. Toutefois, dans le milieu des agriculteurs, c'est sur fond de colère que démarre la campagne 2015-2016.
Et pour cause, des dizaines de milliers de quintaux de tomate fraîche, déjà cueillis, sont voués à la destruction du diktat, disent-ils, que leur imposent certains conserveurs. «Des dizaines de milliers de quintaux, prêts à être livrés, seront jetés dans les oueds. Certains conserveurs avec qui nous avons l'habitude de travailler nous ont opposé un niet catégorique quant à la réception de notre tomate fraîche pour des raisons inexpliquées. C'est toujours la loi du plus fort, l'emprise du pouvoir de l'argent sur la filière», s'emporte un groupe d'agriculteurs mécontents de la commune de Zrizer (wilaya d'El Tarf).
Contactés, des membres de l'Association nationale des conserveurs de tomate, Actom, estiment que bien au contraire, le diktat dont parlent ces agriculteurs, ce sont bien eux qui cherchent à l'imposer : «Il nous est techniquement et économiquement impossible de mettre nos machines en marche avec quelques quintaux de tomate fraîche. Une usine a besoin d'au moins 300 à 500 tonnes. Il faut savoir qu'en l'absence de travailleurs saisonniers pendant tout le mois de Ramadhan, les opérations de cueillette ont été retardées.
Partant, nous avons convenu de lancer la campagne de transformation vers le 10 juillet», se défendent nos interlocuteurs. En attendant, ces derniers retiennent leur souffle : les crédits de campagne dont ils doivent bénéficier seront-ils débloqués à temps ? «ce récurrent problème des crédits réduit à néant tous les efforts de développement de la filière. A chaque début de campagne, c'est l'incertitude. A l'heure où on vous parle, nous ne savons toujours pas si nos banques vont nous financer dans les délais», s'inquiètent les industriels, qui peinent à écouler les 30 000 à 40 000 tonnes de DCT, représentant l'excédent issu de la campagne précédente.
Importation massive du TCT chinois
Le triple concentré de tomate chinois est un autre casse-tête. En termes relatifs, ont débarqué dans un port de l'est du pays, en mars dernier, autrement dit à quelques mois du démarrage de la campagne de l'année en cours, entre 150 et 200 containers pour environ 2 millions de dollars : «Nous savons depuis longtemps que les velléités de transformer le marché algérien en un dépotoir alimentaire à ciel ouvert, certains opérateurs économiques, producteurs ou importateurs, nationaux ou étrangers, ne cessent de les afficher et n'hésitent plus à les assumer pleinement.
Mais, comment a-t-on autorisé une telle opération, au moment où les usines de production en activité dans la même région (Est) traînent des stocks d'invendus se chiffrant par dizaines de milliers de tonnes ?», s'interrogent, en colère, nos sources d'Actom. Ce sont d'ailleurs les importations massives de TCT chinois, qualifiées d'«inopportunes», et tant d'autres pratiques frauduleuses ayant trait aux subventions, dont se distingue la filière, qui ont suscité l'ouverture d'une enquête, début mars 2013, sur instruction de Rachid Benaïssa, alors ministre de l'Agriculture.
Décision avait, par la suite, été prise, soit au mois de juillet de la même année, de dessaisir les directions de wilaya des services agricoles (DSA) de la gestion des subventions de l'Etat pour la confier à l'Office national interprofessionnel des légumes et des viandes (Onilev). Le Dr Benaïssa est parti, emportant avec lui les conclusions de son enquête, plus de trois années ont passé et rien n'a filtré à ce sujet. Pis, les mêmes dérives frauduleuses, à en croire certains professionnels de la filière, continuent leur petit bonhomme de chemin, et ce, dans l'impunité la plus totale, car plus d'un, dont des représentants certaines administrations, y trouvent leur compte. En ces temps de disette et de vaches maigres, l'Onilev saura t-il séparer le bon grain de l'ivraie pour une gestion fluide et plus responsable de l'argent public ?
Pratiques frauduleuses
Il n'est un secret pour personne que voilà des années et des années que certains conserveurs, avec la complicité de leurs alliés les fellahs, se font «offrir » entre 120 et 150 millions DA/an au titre du soutien à la production. Par quels procédés ? Les plus répandus, car s'étant avérés hautement efficaces, consistent en la majoration des tonnages de tomate fraîche et DCT à laquelle ont recours les agriculteurs et leurs partenaires industriels pour pouvoir bénéficier des subventions ; l'une est destiné aux fellahs, de l'ordre de 4 DA/kg de tomate fraîche -en plus des 16 000 DA à l'hectare octroyée par l'Etat au titre d'aide, si l'itinéraire technique est rigoureusement suivi pour la culture de la tomate en hybride ou 11 000 DA/ ha pour la culture fixée-, l'autre de 1,5 DA/kg de DCT destinée aux conserveurs.
C'est ainsi que, nous a-t-on appris, grâce à des contrats virtuels et de fausses déclarations -majoration des superficies cultivées, des rendements à l'hectare ainsi que des volumes livrés à l'usine- plus de 6 milliards de DA ont pu être «empochés» au titre de subventions entre 2009 et 2015, dénoncent nos sources. Nombre d'industriels n'hésitent pas à multiplier par 10, voire plus, les quantités de tomate réellement transformées dans leur usine. «le cas le plus frappant concerne un de nos collègues.
Il brasse, bon an mal an, 110 millions de dinars, en déclarant transformer 20 000 t/an de tomate fraîche, alors qu'en réalité, son usine reçoit à peine 1000 t». Les contrats «virtuels», établis sur la base de la carte d'agriculteur, est une autre option, et elle est non moins efficace. Comment s'organise ce type de fraude? Des intermédiaires, bien au fait des arcanes du «métier», procèdent, dès le début du mois de janvier, à la collecte de cartes d'agriculteurs mises en «location» par leurs propriétaires à des prix allant de 100 000 à 400 000 DA. Une fois le maximum de cartes rassemblées, ces intermédiaires font le tour des usines de transformation.
Celles potentiellement «intéressées», s'empressent de monter, avec minutie, des dossiers sur la base de vraies/fausses conventions aux fins de l'éligibilité aux subventions ; 1,5 DA/kg et 4 DA/kg à multiplier par le tonnage déclaré dans les conventions en question. Fin prêt au démarrage de la campagne récolte/transformation, le conserveur les dépose à la subdivision agricole. Après «examen», ils sont soumis pour approbation à la Chambre de l'agriculture.
A son tour, celle-ci les transmet à l'Onilev (avant 2013 c'était à la DSA) puisque c'est à lui que revient le dernier mot sur l'éligibilité aux subventions. «La répartition du pactole, des commissions et prébendes qui s'effectue suivant l'arrangement convenu entre les transformateurs et les intermédiaires-agriculteurs, intervient au terme de la campagne, c'est-à-dire lorsque les subventions auront été débloquées par le ministère de tutelle», expliquent des industriels activant dans cette filière, qui pourvoit le marché du travail de quelques 300 000 emplois entre saisonniers, contractuels et permanents et dont le chiffre d'affaires est évalué par des experts agricoles de 12 à 15 milliards de DA.
Pris dans la tourmente des invendus et des importations de TCT étrangers qui reviennent à chaque campagne, les conserveurs veulent faire front. Ils semblent détenir assez d'informations pour provoquer une véritable crise à plus d'un niveau des institutions de l'Etat, les Douanes, les ministères des Finances, du Commerce et surtout de l'Agriculture. «Dans notre secteur, les subventions de l'Etat ont fait le bonheur de beaucoup de pseudo-industriels et agriculteurs, surtout ces dernières années.
Car il y a une dizaine d'années, lorsque les 17 usines totalisaient moins de 20 000 t pour des capacités installées de 160 000 t, le soutien dont bénéficiait le fellah était de 1,5 DA/kg et 1 DA/kg pour le transformateur contre respectivement 4 et 1,5 DA/kg actuels et une production dépassant les 120 000 t pour le DCT, 5 à 6 fois plus pour la tomate fraîche», insistent des ex- dirigeants de la défunte conserverie de Boutheldja (El Tarf), anciennement propriété de la Coopérative agricole régionale spécialisée en cultures industrielles (Carsci). Autant dire que déclinée sous toutes les sauces, la lutte contre la fraude, en tout genre, dont se caractérise la filière de la tomate, ce légume-fruit qui rapporte gros, semble-t-il, a encore de beaux jours devant elle avant de pouvoir porter ses fruits.


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