Le prix de la pomme de terre devrait baisser sensiblement durant la première quinzaine du mois de novembre, a indiqué, hier, Amar Assabah, directeur de la régulation et du développement de la production agricole. « On est en période de soudure, donc on consomme la pomme de terre des stocks. Mais à partir de la première quinzaine du mois de novembre, la nouvelle production sera mise sur le marché, ce qui entraînera une baisse des prix », a-t-il expliqué. En attendant, le prix de la pomme de terre ne cesse d'augmenter pour atteindre le seuil record de 70 DA le kilo. Depuis quelques semaines, les ménagères assistent impuissantes à ce phénomène. Les commerçants agissent à leur guise en affichant des prix pareils sans en être inquiétés. S'il est vrai que le marché est libre, il n'en demeure pas moins que l'Etat a le devoir d'assumer sa mission de régulateur en ce sens qu'il doit agir avec tous les moyens que la loi lui confère pour faire en sorte que cette denrée alimentaire de large consommation soit à la portée de tous. D'autant plus qu'il s'avère que cette flambée du prix de ce tubercule n'est nullement due à une pénurie, si l'on tient compte des indications du ministère de l'Agriculture et du Développement rural. M. Assabah avait souligné, récemment, que les stocks pour ce mois de Ramadhan, qui ont atteint les 2,6 millions de quintaux, sont largement suffisants pour répondre aux besoins de la population de l'ordre de 1,4 million de quintaux. L'Algérie peut même s'enorgueillir d'être le premier producteur en Afrique et dans le monde arabe avec une production de 21,5 millions de quintaux en 2006. Certains représentants du secteur agricole attribuent cette hausse vertigineuse du prix de la pomme de terre aux mesures décidées par le département du docteur Saïd Barkat pour réglementer l'importation de la semence. En vertu de ces dispositions, seuls les tubercules de calibre 28 mm sont autorisés à l'importation, c'est-à-dire que le nombre d'unités de pomme de terre doit être de 700 par sac de 50 kg. Or, ces critères poseraient beaucoup de problèmes aux importateurs qui n'arrivent pas à s'approvisionner sur les marchés internationaux. Il se trouve, en effet, que la plupart des pays d'où l'Algérie importe sa semence (dont l'UE) commercialisent des sacs de tubercules de 50 kg regroupant au maximum 400 à 500 unités, ne répondant pas, de ce fait, aux normes exigées. D'ailleurs, l'APS a rapporté que plusieurs professionnels ont appelé, le 15 octobre dernier, les pouvoirs publics à revoir la norme de calibrage de semence de pomme de terre importée arguant du fait que la norme adoptée concourt à la hausse des prix de ce légume de première nécessité. « Le triage en amont de 700 calibres revient très cher à l'importateur algérien, ce qui contribue à la flambée des prix de la semence et, du coup, la baisse des stocks sur le marché », a expliqué Djail Ben Youcef à l'APS, agriculteur de Aïn Defla. L'Algérie importe en moyenne entre 80 000 à 100 000 tonnes de semence de pomme de terre dont 45 000 en provenance de l'UE, selon les chiffres de la Chambre nationale de l'agriculture (CNA). Pour la campagne 2005-2006, elle a importé environ 75 000 tonnes. Cependant, le ministère de l'Agriculture a démenti ces allégations, assurant que les mesures décidées pour réglementer la semence de pomme de terre n'ont pas entraîné une pénurie en la matière. Selon M. Assabah, ces mesures ont été prises en réponse aux doléances des agriculteurs eux-mêmes qui se plaignaient des dimensions anormales des tubercules qu'ils trouvaient sur le marché. Mais cela n'a pas influé sur la disponibilité de la semence. « La quantité refoulée par les services concernés est infime », a-t-il assuré. L'Algérien consomme en moyenne 60 kg/an.