Le 4 août 2005, le groupe espagnol industriel privé aux activités diverses Villar Mir prenait possession de 66% des actions de l'entreprise publique économique algérienne Asmidal. Depuis 1996, il en était l'un des principaux partenaires dans la production et la commercialisation des engrais. Il suivait l'exemple de l'indien Mittal Steel. En effet, ce dernier devenu leader mondial de l'acier, s'appropriait, le 18 octobre 2001, de 70% des actifs du capital du complexe de Sidérurgie d'El Hadjar initialement détenu par le groupe Sider. Il concrétisait dans les faits la première importante opération de privatisation à l'Est du pays. Pour la prise de contrôle du complexe sidérurgique d'El Hadjar, les indiens avaient mis sur la table des négociations 70 millions de dollars. Sur la table, il y avait également un ambitieux projet de réhabilitation et d'investissements tendant à l'augmentation des capacités de production. Avec le groupe pétrochimique algérien Asmidal, c'est la deuxième importante opération de privatisation qu'avait entamée le 4 août 2005, l'espagnol Villar Mir. Un engagement financier de 160 millions de dollars lui a suffi pour s'assurer le contrôle des actifs de deux filiales de production Fertial Annaba et Alzofert Arzew propriété du groupe Asmidal. Tout autant que les sidérurgistes indiens, les pétrochimistes espagnols avaient accepté de ne pas toucher au volet social entre autre aux effectifs. Sous sa direction, les deux filiales spécialisées dans la production et la commercialisation de l'ammoniac (990.000 tonnes/an), acide nitrique (660.000 t/an), nitrate d'ammonium (825.000 t/an) CAN (330.000 t/an) UAN (240.000 t/an), NPK, TSP, Sulfazot (550.000 t/an) et SSP (240.000 t/an), ne formeront plus qu'une seule : FERTIAL. Le cahier de charge approuvé par Villar Mir prévoit la rénovation du potentiel de production existant pour un montant de 168 millions de dollars, la réalisation d'une nouvelle unité de production d'ammoniac de 1,1 million t/an. Entre autres perspectives qu'il offrait pour disposer de la majorité des actifs du groupe algérien de la pétrochimie Asmidal, l'espagnol envisage d'accorder la priorité au développement du marché intérieur. Cette priorité comprend plusieurs étapes dont la commercialisation des produits Fertial, l'application d'une politique de prix des engrais attractifs et compétitifs et le développement de nouvelles formules d'engrais adaptés aux sols algériens. Tout en se proposant de renforcer des relations privilégiées avec les instituts et les universités agronomiques, la filiale espagnole en Algérie "Fertial" s'est engagée dans le domaine de la formation et de la recherche. C'est ainsi qu'il organisera des cycles de formation à destination des vulgarisateurs et agriculteurs. Ceux-ci bénéficieront d'analyses de leur sol ; Elles seront effectuées à titre gracieux par des laboratoires régionaux mis en place pour réaliser des études sur quelques 5000 échantillons nécessitant 13 analyses chacun. Plus d'une année après, le groupe espagnol représenté par M José Maria Estruch, son directeur général de Fertial, se frotte les mains. Il ne s'est pas privé pour autant de dénoncer les lourdeurs bureaucratiques rencontrées au niveau de différentes institutions de l'Etat et celles financières. "On aurait pu faire mieux si ces facteurs de blocage n'existaient pas. Notre demande d'agrément pour la commercialisation de 220.000 q de TSP est en souffrance depuis des mois au niveau d'un ministère. A ce jour, aucune suite ne nous a été donnée sur ce dossier. Les démarches bancaires notamment en matière de règlement de nos fournisseurs à l'étranger sont à l'origine de plusieurs problèmes. Ces derniers nous imposent de parer au plus presser pour éviter une paralysie", avoue t-il. Sur l'expérience algérienne de son groupe, M Estruch a répondu par un plaidoyer en faveur d'une plus grande présence des engrais azotés algériens sur le marché international et pour une filiale "Fertial" au service de l'agriculture algérienne. Il a parlé d'une industrie des engrais new-look où le producteur aurait compris qu'il fallait donner un ancrage solide. Sa définition de l'industrie pétrochimique où, comme pour le pétrole et le gaz, tout est affaire de temps, il l'a décrite en deux mots : performances et rentabilités. Dans ses propos en français avec un accent ibérique marqué, le directeur général de Fertial tenait compte des réalités algériennes. Un new-look matérialisé dans les actes par un complexe Asmidal de plus en plus aéré, proche de son environnement direct et indirect, une maîtrise des coûts d'entretien et de maintenance des installations de production, une meilleure approche des conditions de travail et la prise en charge du volet social. C'est dire que la privatisation des complexes des engrais de Annaba et Arzew a totalement bouleversé le paysage économique et social local. Il faut en effet voir que le gouvernement algérien avait lancé sur la mer fort agitée de la compétition internationale une des plus grandes entreprises algériennes de production. Avec 2200 travailleurs (1300 à Annaba et 900 à Arzew) représentant un effectif pléthorique, l'offre n'était pas alléchante au plan social. Surtout quand on sait qu'à Annaba, bien avant l'avènement Hasnaoui, les gestionnaires recrutaient à tour de bras amis et copains "de la région". Tant et si bien qu'au complexe de Annaba l'on était arrivé à 3 administratifs pour un agent délégué à la production. "Si à Arzew, nous avons trouvé une situation plus ou moins gérable, ce n'est pas le cas à Annaba où les effectifs dépassaient largement les normes de production. C'est un problème que nous avons pris en charge avec notre partenaire social avec lequel nous nous entendons bien" explique M Estruch. Comment les espagnols se sont ils comportés depuis plus d'une année ? Ont-ils répondu à l'espoir placé par les responsables algériens pour un plus grand dynamisme ? Rappelons que La perspective de privatisation de Asmidal avait fait couler beaucoup d'encre. En tout état de cause, la privatisation des complexes pétrochimiques de Annaba et d'Arzew, avait aiguisé des appétits que les pouvoirs publics avaient tenté de modérer pour ne pas être accusé de brader le patrimoine national aux profits d'opérateurs économiques privés ou étrangers. Il faut dire que préalablement à la cession des actifs de Asmidal au groupe Espagnol Villar Mir, les initiateurs de la privatisation avaient mûrement réfléchi. Ils avaient collationné les fiches, les dossiers, les propositions, pris note des soumissions, des recommandations et vu s'entasser avec étonnement des lettres de dénonciation, les pétitions des travailleurs et des syndicalistes. Le cabinet du ministère de la Participation a vu défiler bon nombre de dirigeants d'entreprises nationales et étrangères venus dévoiler leurs appétits. Mais les plus actifs ont été sans conteste, les ibériques qui ont proposé un schéma tout ficelé pour acquérir la majorité des actifs de l'entreprise publique économique qu'était Asmidal.