La wilaya de Tizi Ouzou se retrouve, ces dernières années, face à l'urgence d'un programme de protection de l'environnement. L'état des lieux, des moins reluisants, commande un vaste plan pour protéger la nature et enrayer les décharges sauvages qui longent les routes et défigurent les villes. Des moyens importants ont été déployés depuis quelques années afin de mettre en place le meilleur dispositif pour résorber le phénomène d'atteintes à l'environnement. Le système de gestion des ordures mis en place a néanmoins été décrié faute d'un programme de tri sélectif des déchets. Cette étape, pourtant indispensable, a été reléguée au second plan, sinon occultée. La politique de gestion entreprise favorise en effet plus le «ramassage» et le «stockage» des ordures. Différentes actions de nettoiement ont été entreprises sur le terrain et une liste de projets à réaliser a été tracée. La création de déchèteries et de centres d'enfouissement technique (CET) traduit d'ailleurs la lutte engagée contre les dépotoirs sauvages qui gangrènent la région. Le tri se limite, pour l'heure, à ce qui se fait, timidement et manuellement, au niveau du centre d'enfouissement technique (CET) de Oued Fali, ou encore à travers les quelques expériences lancées par la direction de l'environnement dans des quartiers du chef-lieu. Il faut noter que l'unique projet d'un centre de tri alloué à la wilaya de Tizi Ouzou tarde à voir le jour. Lancé en réalisation en 2012 à Oued Fali, il n'a pas encore été livré à cause de la partie de génie civil qui n'est pas achevée. Selon la directrice locale de l'environnement, le projet a été scindé en deux parties, celle de l'acquisition des équipements, à la charge de la même direction, ainsi que l'étude et la réalisation, lesquelles sont confiées à la direction de l'administration locale (DAL). La même source ajoute que la livraison du projet attend l'installation de la «chape» et du «sol industriel» nécessaires à la structure. La chaîne de tri a, pour sa part, été acquise et le personnel déjà mobilisé, explique notre interlocutrice, qui souligne que le centre sera géré par un établissement de wilaya pour la gestion des déchets. Cette entreprise entreprend actuellement la récupération du papier au CET de Oued Fali, en attendant la mise en service du centre de tri, apprend-on auprès de la direction de l'environnement. Le challenge de l'«économie verte» Au lieu d'investir à large échelle dans le créneau du tri sélectif, le recours au stockage et à l'enfouissement des déchets a pris le dessus dans le secteur de la collecte et du traitement des ordures. La direction de l'environnement a d'ailleurs chapeauté la réalisation de six décharges contrôlées dont deux, implantées à Beni Douala et Beni Zmenzer, sont fonctionnelles. La réception prochaine du matériel nécessaire permettra la mise en exploitation de celle de Agouni Gueghrane, soutient la direction de l'environnement. La réception de celles de Tadmaït, Iferhounen et Ouadhia est prévue prochainement. Des centres d'enfouissement techniques (CET) sont en parallèle annoncés et engagés au niveau de certaines localités. Sept projets ont été prévus à Oued Fali (chef-lieu de la wilaya), Draâ El Mizan, Ouacif, Boghni, Mizrana, Aghribs et enfin à Boubhir (Illoula Oumalou) pour accueillir les quantités de déchets générés dans la wilaya de Tizi Ouzou et estimées à plus de 1000 tonnes par jour. Ce procédé est toutefois controversé et vu comme étant une solution provisoire au problème de la gestion des détritus collectés. Le lancement du tri au niveau des CET doit être la première étape dans l'instauration d'un système adéquat pour la gestion des ordures, avant que ce procédé ne se généralise. Il permettra de réduire les quantités d'ordures enfouies ou incinérées. La durée de vie des CET en bénéficiera aussi puisqu'elle sera prolongée de plus de moitié. D'autre part, le tri encouragera aussi la récupération et la valorisation des déchets permettant également la création d'emplois. Actuellement, une vingtaine d'entreprises privées tentent de se lancer dans le domaine de l'«économie verte», en rencontrant souvent des problèmes dans l'accès au foncier et autres facilitations. Le tri à la source est souvent avancé comme étant la solution la plus efficace au problème, concernant prioritairement les foyers, mais aussi les administrations, les écoles et autres structures. Donner l'exemple en mettant en place un système de tri instinctif est aussi une forme de sensibilisation de la population à ces nouvelles habitudes qui devraient s'installer chez les citoyens. Une démarche qu'on omet de rappeler même lors des volontariats. A ce titre, Tizi Ouzou se distingue par le nombre de campagnes de nettoiement initiées à travers les chefs-lieux de commune et de daïra. En 2015, pas moins de 9 204 volontariats ont été recensés par la direction de l'environnement, qui en a aussi enregistré 866 depuis le début de l'année en cours. Des actions qui touchent les plages, les forêts, les barrages hydrauliques, les villes et villages, les bordures des routes et lors desquelles des quantités importantes de déchets sont ramassées mais sans être triées. L'absence de tri cause également un autre problème et pas des moindres. Il s'agit de l'apparition des déchets liquides rejetés par les CET, à savoir les lixiviats qui se retrouvent dans la nature, menaçant les cours d'eau et les nappes phréatiques. Une centrale pour le traitement de ces rejets a été inscrite et son étude est finalisée mais tarde à être lancée, souligne le président de la commission «santé et hygiène» de l'APW de Tizi Ouzou, qui précise que ce projet n'est pourtant pas concerné par le gel des programmes en raison des restrictions budgétaires. T. Ch.