Photo : Sahel De notre correspondant à Tizi Ouzou Lakhdar Siad Le traitement des déchets hospitaliers reste très faible dans la wilaya de Tizi Ouzou où la quasi-majorité des établissements de santé publics et privés sont dénués de systèmes modernes d'élimination de ces rejets très dangereux pour la population et la nature. Rien d'étonnant quand on relève que les autorités locales et les services de l'environnement et de l'hygiène n'arrivent pas à gérer les milliers de tonnes de déchets ménagers que produisent les foyers de la région de Kabylie. Un véritable problème de santé publique qui n'a pas l'air d'attirer sérieusement l'attention ou l'intérêt des responsables locaux.Ce n'est que début avril dernier que le Centre hospitalo-universitaire Nedir- Mohamed de Tizi Ouzou, le plus grand établissement de ce genre qui, en plus a un rayonnement régional, a été équipé d'un banaliseur pour l'élimination des déchets d'activités de soins à risques infectieux ( Dasri). Avant, le CHU faisait appel à un service spécialisé de la wilaya limitrophe de Boumerdès. C'est un acquis qui a mérité une présentation officielle tant son importance est vitale pour la santé locale sachant que les services du même établissement produisent quotidiennement une moyenne de 600 kg de la nature de ces déchets, selon le Dr Ziri Abbès, directeur général du CHU. D'après ce même responsable, la technique du banaliseur est «apte à neutraliser complètement les germes, sans dégager de fumée, ni sécréter de liquide […] et permettra de résoudre définitivement le problème de traitement de déchets de soins hospitaliers (car) il offre un meilleur rapport qualité/environnement et permet de réduire les déchets dans leur tonnage et leur forme, tout en les banalisant et en les rendant assimilables aux ordures ménagères». Ainsi, avec ce banaliseur, il n'est plus question de stockage des déchets dans l'enceinte de l'hôpital. Par le passé, des habitants du village R'djaouna qui abrite l'unité Belloua, se sont insurgés contre les graves désagréments que provoquent les rejets de l'établissement. La colère des riverains avait poussé les responsables du CHU Nedir- Mohamed de Tizi Ouzou à transférer le traitement des déchets de soins à risque infectieux (Dasri) du centre hospitalo-universitaire vers le centre d'enfouissement technique (CET) de Oued Falli où deux incinérateurs modernes de déchets hospitaliers d'une capacité respective de 200 et 50 kilos/heure ont été mis en marche alors que des déchets répertoriés hautement toxiques tels que le xylène et le formol présentement stockés dans des fûts scellés dans l'enceinte du CHU posaient toujours problème et un audit d'évaluation de la quantité et de ses répercussions sur l'environnement et la santé était prévu et serait réalisé soit par la Sonatrach ou une société privée.Cependant, l'exemple du CHU Nedir-Mohamed du chef-lieu de wilaya de Tizi Ouzou qui compte des dizaines d'autres centres de santé et centres de soins de proximité de qualité plus ou moins contestée est édifiant. Des tonnes de déchets médicaux ne sont pas traitées tel qu'il se doit au sein des établissements hospitaliers. Le danger de ces déchets est partout présent. Dernier exemple cité dans la presse : des rejets dangereux par les unités de soins de la daïra des Ouadhias, à une vingtaine de kilomètres au sud -est de Tizi Ouzou, sont acheminés et jetés avec les autres déchets ménagers dans des décharges parfois sauvages en l'absence d'une décharge communale équipée de moyens de recyclage et de traitement de déchets toxiques et dangereux. «Une partie des accessoires médicaux après usage est traînée par les eaux des rivières pour atterrir dans le barrage de Taksebt qui alimente plusieurs millions de personnes en eau potable», précisait un militant écolo local.Pour rappel, 60% des déchets de la wilaya de Tizi Ouzou sont des matières organiques et les déchets d'emballage (plastique, verre, acier…) représentent 25%. Les conséquences dangereuses de tels rejets sur la vie des habitants et l'environnement, si jamais une réelle prise en charge de ce fléau n'est pas à l'ordre du jour, sont imminentes. Pour le volet récupération des déchets, la wilaya de Tizi Ouzou compte un «gisement» de 1 000 tonnes, ce qui représente un potentiel important en matière économique, selon des spécialistes du domaine. Si la problématique du recyclage des déchets produits par les habitants et les rares et faibles unités industrielles de la wilaya de Tizi Ouzou, figure dans le cadre du «programme national de gestion des déchets municipaux», il est important de souligner que le seul projet digne quelque peu de ce nom que compte la wilaya de Tizi Ouzou est celui du Centre d'enfouissement technique (CET) des déchets intercommunaux situé à Boukhalfa ( périphérie ouest du chef-lieu de wilaya) qui a été réceptionné il y a plus de deux ans après que le problème des décharges et de gestion des déchets ait atteint des proportions alarmantes au niveau des 67 communes de la wilaya avec leur lot de maladies et de dégâts sur l'environnement. Une Epic de wilaya a été créée pour sa gestion et est parallèlement déclarée opérationnelle par les directions de wilaya concernées. Des conventions avec les communes ont été prévues pour le payement à la tonne déposée afin d'engendrer des ressources financières. Un système de collecte sélective au niveau de chaque ville jumelée avec les collectes locales a été aussi mis en place. «Des bacs à ordures seront placés et nous contraindrons tous les commerçants et industriels à séparer les déchets et à acheminer les déchets d'emballage et les déchets industriels banals (DIB). Un avis d'appel d'offres international pour la concession de la collecte et nettoiement de la Nouvelle ville de Tizi Ouzou pour une période de trois ans a été lancé» à la même période, selon un cadre de la Direction de l'environnement de la wilaya de Tizi Ouzou qui s'exprimait lors des derniers travaux de lancement du CET de Boukhalfa. «Dans ce sens, il a été prévu la réalisation de 18 CET et décharges publiques contrôlées avant la fin 2010 dans les communes de Freha, Mizrana, Souk El Tenine, Iferhounène, Tizi n'Tlata, Ouadhias, Boudjima, Bouzeguène, Zekri, Aït Yanni, Aït Douala, Ait Aissi, Aït Zmenzer, Aït Mahmoud, Idjeur, Boghni, Larbaa n‘Aït Irathène et Tadmaït avec comme objectif final de créer des plateformes de tri et de recyclage (déchetteries)», selon le même cadre de la Direction de l'environnement de la wilaya de Tizi Ouzou. Mais la réalité est tout autre. Rares sont en effet les CET et les décharges qui ont été concrétisées sous prétexte du phénomène d'opposition qui touche pratiquement tous les secteurs élémentaires tels que l'hydraulique, l'industrie et les mines, l'environnement fragilisant davantage les approximatifs efforts de développement social et économique dans la wilaya de Tizi Ouzou.La population locale est en réel danger de contamination. D'ailleurs, des enquêtes épidémiologiques s'imposent au vu de l'évolution de certaines maladies graves telle que le cancer pour déterminer les causes de cette maladie en nette progression et qui fait des centaines de victimes par an dans la wilaya de Tizi Ouzou.