Depuis les attentats de 2015, la violence verbale ou physique contre les musulmans ne cesse de constituer une réelle inquiétude. L'attentat de Nice n'a fait que conforter une tendance crainte par la communauté musulmane. La nouveauté étant les menaces directes sur les personnalités religieuses musulmanes qui reçoivent des courriers inquiétants, nous a confié Abdallah Zekri, président de l'Observatoire national contre l'islamophobie qui a publié vendredi son rapport sur les actes antimusulmans enregistrés en France pour la période du 1er janvier au 30 juin 2016. Ainsi 29 actions ont été décomptées contre 79 pour la même période de 2015, soit moins de 63% ; 40 menaces contre 197 pour la même période de 2015, soit moins de 79,7%. La diminution est donc sensible par rapport à l'année 2015 qui, en raison de l'attentat du 7 janvier contre Charlie Hebdo et l'HyperCasher, puis les attaques meurtrières de novembre à Paris, avait été particulièrement marquée par une montée du sentiment antimusulman. Parmi les actes relevés, des femmes voilées insultées, des courriers contenant du porc adressés à des musulmans, des atteintes aux lieux de culte et aux sépultures dans les carrés musulmans des cimetières... On peut considérer que ces actes, plus que le fait de citoyens ordinaires, sont le fait de mouvements très structurés, comme les groupes identitaires qui sont à l'affût. Leur propagande se gargarise de cette violence antimusulmane. Le véritable repère pour jauger de la hausse de cette islamophobie, selon Abdallah Zekri, est 2014, année encore calme sur le plan du terrorisme : «Le niveau global des actes enregistrés au 1er semestre 2016 dépasse de loin le niveau comparable à celui de la même période de 2014 (19 actes au premier semestre 2014), car la France n'avait pas connu d'attentats terroristes. M. Zekri pointe du doigt de nouveau la «cyber-haine qui reste en forte progression et on enregistre depuis l'attentat du 14 juillet à Nice une progression plus inquiétante, car il s'agit tout simplement d'appels au meurtre contre les musulmans de France et leurs représentants. Ces appels de haine fleurissent sur la Toile».