Ça va mal au Parti démocrate américain. Alors que celui-ci a ouvert hier sa convention, à Philadelphie, durant laquelle Hillary Clinton doit être officiellement désignée comme la candidate démocrate à l'élection présidentielle, sa présidente, Debbie Wasserman Schultz, a présenté sa démission. Elle paie la fuite d'e-mails internes, révélée vendredi par WikiLeaks, dont certains semblent indiquer que les hauts responsables du parti ont pris fait et cause pour Hillary Clinton contre son rival Bernie Sanders durant la primaire démocrate. Ce sont plus de 20 000 messages qui ont été publiés par WikiLeaks. En juin, la presse avait déjà appris que des pirates informatiques russes avaient volé des documents aux démocrates. Pour l'entourage d'Hillary Clinton, ce sont ces hackers qui se seraient procuré ces messages «pour aider Donald Trump». Mais le contenu de ces e-mails est aussi embarrassant. Des responsables y débattent de différentes stratégies pour affaiblir la campagne de Bernie Sanders, notamment en mettant en doute le fait qu'il croit en Dieu. Dans un message, la présidente du parti, Debbie Wasserman Schultz, a même traité un proche de Bernie Sanders de «maudit menteur». Plutôt que de polémiquer, le sénateur du Vermont a préféré calmer le jeu pour laisser toutes ses chances à Mme Clinton. Il a salué la décision de Debbie Wasserman Schultz de démissionner et admonesté les ténors démocrates. «Les dirigeants du parti doivent toujours rester impartiaux dans le processus des primaires présidentielles, ce qui ne s'est pas produit en 2016», s'est-il contenté de déclarer. Bernie Sanders semblait satisfait de ce dénouement et profitera de la tribune de la convention pour continuer à propager son appel aux jeunes à s'impliquer en politique pour poursuivre la «révolution» amorcée avec sa candidature. Moscou pointé du doigt De son côté, l'entourage d'Hillary Clinton s'est publiquement étonné que ces messages soient publiés quelques jours seulement avant la convention, rappelant que des groupes liés aux autorités russes avaient été pointés du doigt pour le grave piratage du parti démocrate, révélé le 14 juin. Robby Mook, directeur de campagne d'Hillary Clinton, s'est dit «troublé» que des «experts estiment que les Russes diffusent ces courriels dans le but d'aider Donald Trump», sous-entendant que Moscou essayait d'influencer les élections américaines. Il a fait le lien avec la déclaration de Donald Trump sur l'Otan, la semaine dernière, lorsqu'il a dit que sous sa présidence, les Etats-Unis n'interviendraient pas automatiquement pour protéger les Etats baltes en cas d'agression. «Tout cela mis bout à bout est troublant», a dit Robby Mook à CNN. Une accusation dénoncée par le directeur de campagne de Donald Trump, Paul Manafort. Le candidat républicain à la Maison-Blanche, dont la propre convention d'investiture la semaine dernière fut marquée par les incidents et les polémiques, a ironisé toute la journée de dimanche à propos du scandale démocrate sur twitter. «Si la convention républicaine avait explosé avec des courriels, avec la démission du chef et les critiques d'un poids lourd (Bernie), les médias se seraient déchaînés», a-t-il dit. Trump à la tête des sondages Quoi qu'il en soit, la polémique pourrait continuer dans les prochains jours, risquant d'assombrir l'investiture d'Hillary Clinton, qui prononcera son grand discours le dernier soir, jeudi. La présidente par intérim du Parti démocrate, Donna Brazile, a prévenu que des milliers d'autres messages seraient vraisemblablement publiés prochainement, car les hackers ont récupéré l'ensemble des messages du parti. «Il y a beaucoup de choses qui vont nous forcer à présenter des excuses», a-t-elle admis dimanche. C'est donc plutôt mal parti pour Hillary Clinton, surtout qu'un sondage CNN/ORC Poll, conduit entre les 22 et 24 juillet auprès de 1001 personnes en âge de voter, dresse un tableau de l'opinion aussi pénible pour la démocrate Hillary Clinton que porteur d'espoir pour le candidat républicain Donald Trump. Celui-ci convainc désormais davantage les Américains que sa rivale, pourtant longtemps dominatrice dans la course à la fonction suprême.