Le candidat démocrate, Bernie Sanders, a infligé une cuisante défaite à la favorite, Hillary Clinton aux primaires du New Hampshire «J'ai toujours su que ce serait serré», disait Hillary Clinton en juillet. Pronostic confirmé mardi soir avec la primaire démocrate du New Hampshire, largement remportée par Bernie Sanders. Chez les républicains, Donald Trump domine, et aucun rival ne se détache. Quelles leçons pour la suite? Les prochaines primaires auront lieu fin février et le 1er mars dans le sud et l'ouest des Etats-Unis, des régions démographiquement et idéologiquement différentes, et riches en délégués. A ce jour, après l'Iowa et le New Hampshire, seuls 2% des délégués ont été attribués pour les investitures démocrate et républicaine. La première leçon: ne pas tirer de leçons trop brusquement. Certes, Donald Trump n'a pas réussi à pleinement mobiliser ses partisans dans l'Iowa la semaine dernière, quand il a terminé deuxième derrière le sénateur Ted Cruz. Mais sa domination incontestable des sondages depuis l'été dernier s'est concrétisée en une belle victoire dans les urnes mardi dans le New Hampshire, avec au moins un tiers des voix républicaines. «Les gens ont surinterprété les résultats de Trump dans l'Iowa», dit Robert Boatright, professeur de sciences politiques à l'université Clark. Le message du milliardaire, anti-élites et anti-système, est applaudi par une coalition iconoclaste d'électeurs, du centre à la droite, dont le dénominateur commun est le rejet des hommes politiques traditionnels.. L'opposition républicaine à Trump est atomisée entre au moins quatre candidats, qui ont chacun obtenu entre 10 et 16% des voix mardi: le gouverneur John Kasich (Ohio), l'ex-gouverneur Jeb Bush (Floride), le sénateur Marco Rubio (Floride), ainsi que le sénateur Ted Cruz (Texas), champion de la droite religieuse qui chasse aussi sur les terres de Donald Trump. «Les dirigeants du parti républicain voulaient que le champ des candidats non-Trump ou non-Cruz se réduise», dit Kyle Kondik de la lettre spécialisée Crystal Ball, de l'université de Virginie. «Mais cet affinage n'est pas intervenu» mardi soir. Tant que la concurrence reste aussi fragmentée, Donald Trump pourra continuer à dominer, même sans atteindre 50% des voix. Or, à partir du 15 mars, de nombreux Etats accorderont la totalité de leurs délégués au vainqueur de leur primaire, et non à la proportionnelle comme les démocrates le font. Le frère et fils des deux présidents Bush avait passé la semaine à répondre que le New Hampshire n'était pas une question de vie ou de mort. Avec sa quatrième place mardi, Jeb Bush reste bien vivant. Le New Hampshire «ravive sa candidature, cela montre qu'il a autant de soutien que Rubio ou Cruz», note Steven Smith, politologue à l'université Washington à St. Louis. En outre, «il a probablement plus d'argent à dépenser que Kasich ou Rubio et pourra faire campagne à grande échelle» dans les prochaines primaires, en Caroline du Sud (20 février) et au Nevada (23 février). Au passage, Marco Rubio, le troisième homme surprise de l'Iowa, est tombé à la cinquième place, une contre-performance mise sur le compte de sa prestation ratée à un débat samedi. «Marco Rubio était un peu surévalué après l'Iowa, et maintenant il sera un peu sous-évalué», tempère Kyle Kondik. Après une défaite sans appel mardi, l'équipe Clinton a immédiatement atténué la valeur symbolique du scrutin en parlant arithmétique: «l'investiture se gagnera très probablement en mars, pas en février», a écrit Robby Mook, directeur de campagne d'Hillary Clinton, dans une note diffusée à la presse. Vingt-huit Etats voteront en mars, avec plus de la moitié des délégués à la clé - notamment la Caroline du Sud, le Texas, la Georgie, l'Alabama, où les minorités noires et hispaniques représentent une majorité des électeurs démocrates. «Avant les primaires, on prévoyait que l'Iowa et le New Hampshire seraient deux des trois meilleurs Etats pour Bernie Sanders, avec son Etat du Vermont», dit Kyle Kondik, qui prévient que l'image nationale d'Hillary Clinton pourrait toutefois souffrir de la défaite. Mais le retard de popularité de Bernie Sanders dans le Sud est attesté par plusieurs sondages. Il a 37 points de retard sur la démocrate en Caroline du Sud, selon un sondage NBC. «Il sera très difficile, voire impossible, de gagner l'investiture démocrate sans un soutien fort au sein des électorats noirs et hispaniques», martèle Robby Mook, le nez sur les chiffres.