La rue Ouarti Abderrahmane résume à elle seule toutes ces carences vécues comme une fatalité tant par les citoyens que par responsables communaux. Les trottoirs squattés depuis belle lurette demeurent, malgré les campagnes sporadiques pour leur récupération au profit des piétons, témoins d'une démission collective des édiles de l'APC. Les étals de fortune placés des deux côtés de cette artère importante sont la cause majeure des embouteillages, de l'encombrement et du climat de confusion qui y règne. «Il ne se passe pas un jour sans que l'on compte un piéton heurté par un véhicule ou une vieille personne évacuée à l'hôpital», nous fait savoir un transporteur de marchandises qui reproche aux commerçants informels des comportements condamnables. «Cette marchandise étalée des deux côtés de la rue force les passants à emprunter la chaussée et c'est là que commence le risque d'accidents de la circulation», a-t-il ajouté. Le stationnement anarchique des camions de marchandises devant les commerces est l'autre tare qui pèse sur cette rue d'habitude moins encombrée en période d'été. Les grossistes et autres dépositaires, organisés en véritable lobbys décideurs, ne sont pas moins responsables. Ils sont les premiers à piétiner les lois et à réduire à néant l'ordre sur la voie publique. Des sacs de marchandises et des ballots d'immondices déposés à même le sol, des camions parqués en deuxième et troisième position, chaussée et trottoirs déclarés propriété privée et installation de cageots, de chaises et d'objets hétéroclites en guise de bornage de ladite propriété et plusieurs autres anomalies et infractions constatées de visu. La mode ces derniers jours est aux camions bazar. Une Hilux ou une Herbine remplie de marchandises, un crieur, deux vendeurs et le tour est joué. Quand un prétendant descend de voiture, ce sont ces mêmes commerçants qui usent de leurs biceps pour bloquer la circulation routière, le temps de permettre au client de faire ses achats sans songer au préjudice causé aux autres automobilistes. La rue Ouarti Abderrahmane est aussi en passe de devenir la plaque tournante du grand trafic. Dans cette magmatique rue commerçante, où la promiscuité offre avec la densité de la population juvénile un milieu favorable pour la prolifération de tous les maux sociaux, on compte plusieurs groupes de marginaux, des intermédiaires et autres courtiers de l'illégal. On commence par le plus vieux métier pour échouer chez des «professionnels» du piratage d'électricité, les modificateurs des compteurs d'eau et les courtiers des marchés publics.