L'anarchie qui a accompagné, cette fin d'année, l'orientation des élèves dans la majorité des lycées de la wilaya de Souk Ahras est un indice de plus du laisser-aller flagrant qui caractérise le secteur de l'éducation depuis deux années. Les centaines de recours adressés par les parents d'élèves à la commission désignée à cet effet au niveau de la direction de tutelle sont le résultat de la précipitation des proviseurs des établissements secondaires ainsi que des bureaux d'orientation implantés en concomitance dans lesdits établissements. «Est-ce que vous trouvez normal qu'un élève excellent en langues soit orienté vers une filière technique, alors qu'il peine à atteindre un neuf en mathématiques, contrairement aux matières littéraires où il décroche 17 dans certaines matières ?», s'est demandé, à juste titre, un parent venu, hier, exprimer sa colère à l'entrée du siège de la direction de l'éducation. Une dame d'un certain âge n'a pas manqué d'exhiber les bulletins de sa fille dont le profil répondrait à une parfaite scientifique. Elle a été orientée, dans une logique d'équilibre entre filières prisées et autres boudées par les lycéens, en philosophie. Approché hier par le journal, un cadre du secteur de l'éducation a confirmé l'existence «de graves erreurs dans l'orientation pour l'année scolaire en cours» et exprimé sa désapprobation quant à cette manière d'agir. «Tout se passe entre les proviseurs et les représentants des services d'orientation qui, faut-il le souligner encore une fois, font fi du barème officiel appliqué dans ce chapitre (…) nous avons des cas où le vœu de l'élève est contourné, sinon déformé, pour privilégier des élèves recommandés», a-t-il ajouté pour parler ensuite d'impunité et de vacance dans le secteur de l'éducation dans cette wilaya. «Même après recours, les protestataires n'ont pu atteindre les effets escomptés, puisque les auteurs de ces abus sont représentés par leurs amis au sein de la commission de recours», a étayé le même interlocuteur qui a requis l'anonymat. Une pétition dans laquelle des parents d'élèves demandent une commission d'enquête à ce sujet a été remise à El Watan.