Hier, la rame 112 du tramway de Constantine est allée s'encastrer dans le mur de la prison Coudiat, au terminus Benabdelmalek Ramdane. Quinze jours auparavant, le 1er août, un incident presque du même acabit a impliqué le tramway d'Oran. En deux semaines, la Société d'exploitation des tramways (Setram) se retrouve sous les feux des projecteurs pour deux incidents dont il faudra déterminer les causes et intervenir en conséquence. Pour l'heure, rien n'a filtré sur le travail et les résultats de l'enquête concernant le cas d'Oran. «Lors d'une opération de remorquage d'une rame immobilisée suite à une avarie du matériel roulant, pour des raisons non encore connues, la rame a dérivé et a ensuite déraillé, causant ainsi des dégâts matériels importants sans pour autant causer de perte humaine», a rappelé la société. Le ton n'a pas changé concernant le déraillement à Constantine. Dans un communiqué de presse parvenu à notre rédaction, Setram a usé d'un lexique circonstanciel, prudent et bien rodé. Les rédacteurs n'ont pas jugé utile de s'attarder sur certains détails. Des précisions qui ont leur importance en pareille situation. «Le tramway de Constantine (rame 112) a enregistré un accident matériel. La rame a dépassé de 10 à 15 mètres son point d'arrêt final, elle a percuté un mur d'enceinte qui est juste en face de l'arrêt du tramway», est-il porté à la connaissance des médias. Il s'agit en réalité du mur d'enceinte de l'établissement pénitentiaire Coudiat. L'impact s'est fait à moins de deux mètres du mémorial de Mustapha Ben Boulaïd, témoin de son évasion spectaculaire de cette prison coloniale, le 10 novembre 1955, avec 19 de ses compagnons de geôle. Autre point omis : les passagers. Qu'il s'agisse du communiqué de la Setram ou du site de Cital, l'entreprise algérienne chargée de la maintenance des tramways, il n'est nullement mentionné s'il y avait des passagers à bord ou si la rame était vide : «Les dégâts sont importants mais fort heureusement, il n'y a aucun blessé. Le conducteur de la rame exploitée par l'entreprise Setram est en état de choc, il a été conduit à l'hôpital.» Des sources fiables nous ont confirmé la présence de deux passagers qui s'en sont sortis indemnes, mais choqués. Dès les premières minutes du déraillement, un cordon de sécurité a été établi autour de la station Benabdelmalek où, progressivement, une foule de curieux s'est amassée pour commenter l'accident. Et à chacun de lâcher la bride aux extrapolations sur les crissements de freins perçus plus que d'habitude ces derniers jours. Certaines sources, dont une proche de Setram, ont évoqué un problème de freinage. «Selon les premiers éléments recueillis sur place, il s'agirait du système de freinage qui a bloqué», a-t-on soutenu. Causes techniques ou humaines ? Il faudra déterminer les responsabilités plutôt deux fois qu'une. Selon un expert, les moyens de locomotion ferroviaires exigent une maintenance soutenue et régulière : «Le transport ferroviaire nécessite une maintenance et une révision accrues en raison de l'usure rapide des roues et des systèmes. Les fissures qui peuvent être générées par les frottements sont difficilement détectables. Le cas échéant, cela pourrait provoquer des déraillements.» Pour sa part, Setram s'est contentée d'indiquer que «les origines de l'accident survenu pendant le service commercial ne sont pas encore clairement identifiées, des investigations sont d'ores et déjà en cours afin d'en déterminer les causes et circonstances. Une commission d'enquête sera constituée pour déterminer les circonstances exactes de cet accident ainsi que toutes les responsabilités».