La figue de Barbarie est, sans conteste, la reine de l'été. Du moins, dans la vallée de la Soummam, où elle a réussi à ravir la vedette à la figue, dont le prix élevé la rend moins accessible. La figue de Barbarie est disponible à profusion dans les places publiques, les abords des marchés hebdomadaires et sur les accotements des routes. Exposée sur des étals de fortune ou dans divers ustensiles, ce pur produit du terroir est fort prisé en cette période estivale. Son prix modique (200 à 300 DA le bidon de près de 5 kg), le rend à la portée de toutes les bourses. Le fruit passe pour être indétrônable pour sa saveur exquise et son goût suave. A l'inverse de certains fruits d'importation, insipides et aseptisés, «pelée et conservée quelques jours au frigo, la figue de Barbarie est un dessert irremplaçable, même si son épluchage vaut une petite corvée», dira un vieil homme, en pleine dégustation. Face à la fièvre qui s'empare épisodiquement de la mercuriale des fruits, le figuier de Barbarie constitue un ersatz de choix, en nous gratifiant de sa chair succulente, 100% bio. Un rempart contre la désertification. Sous ses allures de plante prosaïque, plus craint pour ses redoutables épines que respecté, le figuier de Barbarie dissimule des atouts insoupçonnés. Du fait de sa plasticité écologique et de sa rusticité, cette cactacée pousse sur une large aire de répartition géographique, ignorant les contraintes liées aussi bien à l'altitude qu'à la latitude. Quoique raffolant les sols sablonneux, qui permettent une prise facile de son système radiculaire, le ficus Indica (son nom latin) peut s'accommoder et s'adapter à tous les types de substrats, y compris les plus rocailleux. Ses feuilles (raquettes), charnues et gorgées d'eau, confèrent à la plante une endurance hors du commun. Le figuier peut survivre à des conditions de température et de sécheresse extrêmes. Sa multiplication par bouturage est d'une étonnante facilité. Un quartier de raquette abandonné par terre au contact d'un zeste d'humidité, suffit le plus souvent à donner naissance à une nouvelle plante, prête à fructifier à son tour, dès la saison suivante. Dans les plaines de la vallée de la Soummam, où il est planté en rangées formant des haies, le figuier de Barbarie, en même temps qu'il sert à matérialiser les limites des propriétés champêtres, fait office de coupe-vent efficace. Fixateur des sols en pente, sujets aux affaissements et à l'érosion hydrique, la plante peut ainsi s'avérer être un excellent bouclier contre la désertification.