37°. Les derniers jours d'août pour en profiter. Elle est arrivée vers 11h. Elle s'est garée dans le parking familial, sur les indications d'un jeune, probablement sans famille. Puis s'est dirigée vers le carré de la plage réservé aux familles. La plage, sable fin, eau fraîche, soleil, parasol, chaises longues, le vendeur de beignets qui passe et repasse, croisant le vendeur de thé qui repasse et passe. Derrière, on vend des glaces et des pizzas. Il y a tout, tout est parfait. Sauf qu'il manque une chose. On est à la mer, va-t-elle pouvoir se mettre en maillot ? Affronter les regards concupiscents des hommes, ceux réprobateurs des femmes, les commentaires des vieux, des vieilles et des jeunes. Elle a détaillé les occupants de la plage. Les hommes sont tous en maillot, torse nu, mais les femmes sont toutes habillées de la tête aux pieds, comme si elles étaient au marché. Aucune femme en maillot. Les plus audacieuses ont mis un short, abandonnant carrément le côté esthétique. Comment en est-on arrivé là, où une simple surface de peau provoque autant de problèmes ? Elle a son maillot sous elle, mais hésite. Se mettre en short ? Non. Nager en robe ? Jamais. Ne pas nager ? Pourquoi alors être venue, elle aurait pu manger des beignets dans son quartier, habillée en scaphandre. Elle réfléchit encore, puis juste à côté, aperçoit une femme de son âge qui la regarde. A-t-elle compris son dilemme ? Habillée comme les autres, pourquoi la regarde-t-elle ainsi ? Regard méchant ? Pas vraiment. Moralisateur ? Peut-être. Enervée à cause du soleil et ses vêtements qui lui collaient à la peau, elle a pensé à se lever et aller voir cette femme qui la dévisage : «de quoi tu te mêles ? Pourquoi tu me regardes ? Je m'habille comme je veux !» Finalement, elle a pris son courage à deux mains, a enlevé ses vêtements, laissant apparaître un joli maillot deux pièces. Au moment où elle a fait ça, la femme qui la regardait a fait de même et s'est mise en maillot. Elle aussi hésitait à mettre le sien.