A près l'inauguration d'un monument à la gloire des martyrs à Ighil Mahni, dans la commune d'Aghribs, à 45 km au nord-est de Tizi Ouzou, de nombreux moudjahidine ont apporté leurs témoignages sur les chouhada à l'occasion de la célébration du 60e anniversaire du Congrès de la Soummam. Ahmed Askri, 87 ans, un des anciens responsables de la Fédération de France du FLN, dit «Mokrane», témoigne : «Le village a été une plaque tournante des nationalistes, aussi bien de la région que d'autres contrées, car un des fils d'Ighil Mahni, le chahid Moh Abba, un des premiers militants du PPA, était souvent consulté par ces derniers. En 1948, il avait même reçu, ici, Messali Hadj, en plus d'autres, plus tard, tels que Vrirouche, Amar Ath Cheikh et d'autres.» M. Askri présentera le parcours de quelques-uns de ces martyrs, ses anciens compagnons, notamment Mohamed Hamadi, M'hand Azzoug, Hand Abba, responsable d'une équipe de fidayine à Alger, auteur de nombreuses opérations, avant d'être arrêté et tué sous la torture. Mansour Mohand-Saïd, évoquera ces hommes, «qui avaient des qualités rares : droits, justes et se sacrifiaient toujours pour les autres», comme Saïd Ouchelli, qui avait l'habitude de recevoir Taleb Abderrahmane, le «chimiste de la Révolution», à Taboudoucht, où il apprenait aux jeunes instruits comment fabriquer des explosifs. Mohamed Issiakhem apportera également ses témoignages sur le martyr M'hand Azzoug, alors que Si M'hand Iakouren narrera les circonstances du déclenchement de la Révolution. De son côté, le moudjahid Si Ouali Aït Ahmed appellera à fonder des associations dans chaque village pour enseigner l'histoire de la Révolution et des martyrs. «Construire des monuments est très utile, mais cela reste insuffisant face à ceux qui entretiennent l'oubli. N'oublions jamais que c'est à partir de la Wilaya III que des centaines millions de francs étaient acheminés vers d'autres Wilayas (historiques) en souffrance, notamment la Une (Aurès)», a-t-il rappelé.