Le football amateur vit les moments les plus sombres de son histoire. Jamais il n'a été confronté à pareille situation que celle qu'il traverse actuellement. Les clubs amateurs sont les premières victimes de l'austérité décrétée par les cercles de décision. Alors qu'ils font difficilement face à la crise financière qui les frappe de plein fouet (restriction des subventions, absence totale de sponsoring et de rentrées liées à leur activité, augmentation vertigineuse des prix du matériel et des équipements ainsi que des autres frais, transport, restauration, allocation d'ambulance, salaire du médecin…) leur budget est lourdement grevé par les frais d'engagement décidés par la Fédération. Ce chapitre n'a cessé de croître ces dernières saisons. Asphyxiés, des clubs n'auront d'autre choix que celui de ne pas s'engager, geler leurs activités et jeter des milliers de jeunes dans les bras de l'oisiveté. La Fédération devrait revoir sa copie et s'adapter, la première, à la difficile situation à laquelle le football amateur fait face. Imposer à des clubs amateurs, sans grandes ressources, de s'acquitter de dizaines de milliers de dinars pour s'engager relève du mauvais sens et de l'absence de vision crédible. Les championnats des divisions inférieures risquent d'être tronqués, amputés d'une grosse partie de leur composante initiale parce que des clubs n'auront pas pu s'acquitter des frais d'engagement en perpétuelle augmentation depuis des années. A titre d'exemple, un club de division d'honneur (ligue régionale) est sommé de verser 80 millions de centimes (800 000 DA) pour pouvoir participer au championnat. L'écrasante majorité de ces clubs vivent de subventions qui souvent ne dépassent pas 400 millions de centimes. Pour eux, les frais d'engagement représentent plus de 20% de leur budget annuel — lorsqu'il leur est versé par la commune et la DJS. Les clubs de la division interrégions (LIRF) ne sont pas mieux lotis. Les frais d'engagement représentent 8,33% de leur budget annuel qui tourne autour de 12 millions de dinars, pour les mieux lotis. Les clubs de la division amateur (DNA) doivent verser 300 millions de centimes (frais d'engagement) alors que leur budget annuel ne dépasse pas les 3, 4 milliards. Les frais d'engagement représentent presque 4% du budget. Par contre, les clubs pro de Ligue 1, dont beaucoup émargent à plus de 60 milliards de centimes de budget par an, sont très bien lotis au chapitre frais d'engagement. Ce chapitre représente 0,05% de leur budget. C'est une autre aberration. On accorde aux riches ce que l'on ne concède pas aux pauvres. Si l'on voulait assassiner le football amateur, on ne s'y prendrait pas autrement. Il faut stopper cette politique suicidaire. Le football amateur doit vivre dignement et profiter des grosses retombées d'argent qui gonflent les caisses de la Fédération. Alors que le football amateur est à l'article de la mort, littéralement asphyxié par la crise financière, la Fédération a souscrit à l'emprunt obligataire décidé par le gouvernement à hauteur de 5 milliards de centimes. A force de tirer sur la corde, un jour elle cassera. Le danger est imminent.