Il revient au MJS de faire en sorte que toutes les associations sportives soient contrôlées équitablement. Des fédérations sportives seraient toujours dans l'attente de l'affectation de leur budget pour l'année 2008 alors que leur programme d'action en est à la moitié de son application. Ce qui veut dire que la première moitié a été réalisée sur les fonds de l'année dernière, qui restaient dans les caisses de ces fédérations mais aussi sur des emprunts et des dettes auprès de certains organismes. Récemment, des cadres du MJS ont tenu une série de réunions avec les responsables des fédérations sportives au sujet de ces budgets. Avant de les affecter, le ministère aurait voulu que ces fédérations voient à la baisse le coût de leur fonctionnement. On leur aurait, ainsi, suggéré de faire en sorte d'user moins du téléphone portable, par exemple, alors que tout le monde sait que c'est, de nos jours, un outil indispensable et qu'un président de fédération ou son secrétaire général, les personnes qui l'utilisent le plus au service de l'instance sportive, ne peuvent s'en passer. On voit mal, en effet, un président de fédération avoir une urgence et se mettre à chercher un taxiphone pour communiquer. On apprend, également, que le MJS aurait souhaité que les fédérations diminuent, voire annulent, carrément les prises en charge des membres des bureaux fédéraux lorsqu'ils viennent à Alger prendre part à des réunions. A ce prix-là, tous les membres des bureaux fédéraux devront, obligatoirement, être d'Alger et non de l'intérieur du pays. On aurait, d'un autre côté, aimé voir les fédérations ne plus payer d'indemnités à des cadres du secteur qui font des heures «sup» chez elles. Ce sont, essentiellement, des techniciens, lesquels exercent dans ces fédérations en dehors de leurs heures de travail. Il est, donc, tout à fait normal, qu'ils demandent à ce qu'ils soient rémunérés par le biais d'une indemnité. Les coupes introduites dans le budget auraient, ainsi, donné quelque chose comme 70 millions de centimes de budget de fonctionnement pour chaque fédération sportive, hormis le football qui continue à percevoir une énorme manne au titre de sa refondation. Selon des informations dignes de foi, le ministre de la Jeunesse et des Sports, M.El Hachemi Djiar, aurait pris la décision de surseoir à ces restrictions à la suite d'une protestation des présidents de fédérations. Le budget accordé au MJS, au titre de la loi de finances 2008, est de l'ordre de 13,13 milliards de dinars, une somme à dispatcher entre deux secteurs: celui de la jeunesse et celui des sports. Dans celui des sports, le chapitre consacré aux associations sportives fait ressortir une aide de 1,36 milliard de dinars. Cette somme va à l'ensemble des associations sportives du pays, fédérations, ligues, clubs, autres associations sportives, etc. Comme il en existe des milliers à travers le pays, on imagine qu'à la fin, il ne doit pas rester grand-chose à quelques-unes d'entres elles. Certaines ligues de certains sports, disséminées à travers le pays, recevraient, chacune, quelque chose comme 50.000 dinars (5 millions de centimes) de budget de fonctionnement par an. Avec une telle somme, allez demander à ces ligues de travailler convenablement, notamment dans le domaine de la prospection et surtout du développement de leurs disciplines respectives. Pendant ce temps, les journaux sportifs ne cessent d'étaler sur leur Une les sommes faramineuses qui sont dépensées par les clubs de football dans l'opération de recrutement de nouveaux joueurs. Il y a là des milliards de centimes à faire pâlir d'envie n'importe quel président de fédération sportive. Des clubs comme l'ES Sétif et l'USM Annaba ont fait fort avec plusieurs milliards investis dans ces recrutements. Mais il ne faudrait pas croire que les autres sont démunis puisque aujourd'hui le budget moyen d'un club de football de la division1 en Algérie doit tourner aux environs de 100 millions de dinars (10 milliards de centimes). Cet argent émane du budget de l'Etat (fonds de wilaya), de celui des collectivités locales (APW et APC), du sponsoring, des recettes aux stades et des droits TV. Il existe d'autres donateurs fortunés qui participent à ce financement à titre gracieux (sans contrepartie), mais ces derniers sont rares. En fait, dans la plupart des cas, ces donateurs se font rembourser dès qu'il y a rentrée d'argent chez le club. Les droits TV sont de l'ordre de 400 millions de centimes par an pour chaque club alors que les recettes aux stades sont fluctuantes. Il faut savoir que l'an dernier, année de son titre de champion d'Algérie, l'Entente de Sétif avait, pour les 15 matchs de championnat qu'elle avait disputés chez elle, enregistré une recette globale de 44 millions de dinars (4 milliards et 400 millions de centimes). Sur cette somme, il faut prélever la quote-part, des impôts (taxe sur les spectacles), celle de la Ligue nationale, celle du stade du 8-Mai 1945, celle des services de sécurité et celle de la Protection civile. A la fin, le club sétifien récolte une somme, tout de même, intéressante. En dehors de cela, la plus grosse part du financement provient du sponsoring, ce fameux sponsoring que l'on mêle à toutes les sauces alors qu'il est codifié et réglementé. Les présidents de club de football veulent toujours faire croire que l'argent qui en émane est donné à titre privé et que les pouvoirs publics n'ont pas un droit de regard sur son utilisation. Ce qui est entièrement faux puisque cet argent est déclaré sur le chiffre d'affaires de l'année du sponsor, dans le chapitre des dépenses de son entreprise et est déductible de sa déclaration fiscale annuelle, selon les termes de la loi 04-10 sur le sport. Dans un certain sens, ce que l'Etat ne perçoit pas au titre de certaines impositions fiscales, il le distribue aux clubs sportifs. C'est là une aide indirecte de cet Etat qui a le droit et le devoir d'en contrôler son utilisation. C'est pourquoi au lieu de suivre, pas à pas, les fédérations sportives, le MJS gagnerait à voir de plus près ce qui se passe dans la gestion financière des clubs de football. Les fédérations sportives disposent d'un budget chapitré, octroyé selon un contrat-programme et contrôlé par un commissaire aux comptes. Elles gèrent, chacune, de petits budgets alors que dans les clubs, où c'est souvent la foire, on distribue, à tout-va, des milliards de centimes. Le plus souvent au moyen de grosses coupures transportées dans des sachets en plastique noir. On se demande, à cet effet, ce qu'attend le ministère de la Jeunesse et des Sports, de concert avec celui des Finances, pour imposer l'utilisation de chèques bancaires barrés dans les transactions de transferts de joueurs. Le mouvement sportif national est un et non disparate. Il émarge au budget de l'Etat et il se doit de rendre des comptes. Tous ses acteurs doivent être égaux dans ces contrôles. Il ne peut y avoir de rétorsion, pour l'un et liberté de faire ce qui lui plaît, pour l'autre. C'est au MJS de veiller à cette stricte observation des règles. S'il venait à oublier les clubs pour ne voir que dans la tête des fédérations sportives, il s'éloignerait de sa mission qui consiste à savoir où va tout l'argent qu'il distribue.