Assis sur une chaise en plastique devant le poste de surveillance de la Protection civile, de la plage Les Aiguades, sur la côte ouest de Béjaïa, Fayçal, un sauveteur saisonnier de 19 ans, prépare les brochures et les dépliants de sensibilisation contre les dangers de la mer et les accidents de la route. A côté de lui, les animateurs de la section de plongée et sports aquatiques des Scouts marins de Béjaïa (SMB), qui porte le nom de Nekki Bacha, mettent en place une exposition d'objets remontés des fonds marins, puis revalorisés pour d'autres usages. Ces scouts, installés sur ce site il y a moins de cinq mois, se sont donné pour mission d'entretenir les lieux à longueur d'année. On n'attend plus que l'arrivée des membres de Nemla, une association pour la protection de l'environnement, initiatrice de cette opération de nettoyage du fond marin dans le cadre de sa campagne de sensibilisation pour la protection de l'environnement. Cette action consiste en le nettoyage du fond marin de la baie des Aiguades, à remonter les détritus puis les exposer dans des sacs pour que les baigneurs prennent conscience du degré de pollution du littoral. Pour ce faire, une équipe de plongeurs professionnels de la Protection civile et des plongeurs amateurs se sont mis de la partie. «Jusqu'ici, nous poursuivons notre démarche, qui se base sur la sensibilisation et la formation des jeunes dans le cadre des clubs verts que chapeaute notre association au niveau de quelques établissements scolaires. Après plusieurs années d'activité, cette option a donné des résultats, que nous jugeons insuffisants pour mettre un terme à l'acte de polluer», a déclaré d'emblée Mme Hassissene Myriam, présidente de l'association Nemla. Pour cette journée de volontariat, une dizaine de plongeurs sont engagés pour nettoyer les fonds marins. Des adolescents, adhérents de l'association Nemla, en kayaks, tiennent les sacs-poubelle à ras de l'eau pour permettre aux plongeurs d'y déposer des bouteilles, des canettes, des déchets ferreux et des filets de pêche remontés du fond de l'eau. Les Scouts marins de Béjaïa, la Protection civile ainsi que Ali Kalem, président du club de plongée sous-marine Aquatec, basé à Saket, ont été d'un grand apport à cette action qui se déroule en mer. Le plongeur professionnel, Ali Kalem, traînant sa bouteille d'oxygène, a l'air effaré. Non pas parce qu'il a vu un fantôme sous-marin, mais il n'en revient pas, dit-il, en voyant les quantités et la variété de déchets qui gisent au fond de l'eau. L'objectif, selon Smaïl Hassissene, vice-président de Nemla, est la sensibilisation. «A la fin de cette action, nous allons exposer les déchets sur la plage avant de les évacuer pour que le citoyen soit sensibilisé et voit concrètement ce qui se trouve sous l'eau du fait qu'on jette ses ordures dans la nature. Pour cela, nous mettons le paquet sur les jeunes, car c'est à eux de continuer le travail à l'avenir», dira-t-il. Quatre membres de Janatu Al Arif, de la fondation méditerranéenne du développement durable, arrivent sacs-poubelle à la main et du haut de l'escalier qui mène vers la plage ramassent tous les déchets qu'ils trouvent sur leur chemin. En balayant le site des yeux, le visiteur peut constater que la zone a gagné en espace après la démolition des taudis qui servaient de boutiques et les constructions illicites. Toutefois, les services de l'APC n'ont pas encore débarrassé les gravats laissés sur place. A l'entrée de cet endroit féerique, des fouilles réalisées au sol pour des travaux d'éclairage public attendent toujours les poteaux. Plus bas, les conduites d'eau potable, qui alimentent le poste de la Protection civile et une douche en plein air, sont endommagées et l'eau fuit. Après trois heures de volontariat, M. Hassissene rassemble ses troupes ainsi que les autres membres des associations participantes pour observer une minute de silence. Le but de ce geste louable est de rendre hommage au maître-nageur Fayçal Bendjider, âgé de 27 ans, décédé d'une attaque cardiaque après avoir fourni un effort colossal pour sauver un adolescent, à la plage surveillée Ighzer Leblat, dans la commune de Souk El Tenine, cet été. Les présents ont eu aussi une pensée pour tous les noyés et au baigneur fauché par un jet-ski, à la plage de Capritour. Après la minute de silence, un olivier a été planté par Nemla en leur mémoire. La présidente de Nemla a clôturé cette énième activité à la faveur de l'environnement en lançant un appel, plutôt un cri, dit-elle. Elle estime que «la meilleure manière de combattre les pollueurs, c'est de toucher à leur poche». «Nous avons un arsenal de lois qui doivent être appliquées dans toute leur rigueur L'Etat doit intervenir pour verbaliser toute atteinte à l'environnement. Cela a bien marché lorsqu'on a voulu interdire le téléphone portable au volant et obliger le port de la ceinture de sécurité même en ville», affirme-t-elle.