Le maintien du plancher des réserves de change au-dessus de la barre de 100 milliards de dollars d'ici à 2019, un des objectifs majeurs du gouvernement Sellal demeure une hypothèse «possible sous réserve de recourir au financement extérieur» de manière partielle, estime Mustapha Mekidèche, vice-président du Conseil national économique et social (CNES). Il relève que les récents propos du Premier ministre visent surtout à rassurer les investisseurs et l'opinion publique quant à la solidité macroéconomique projetée de l'Algérie sur les trois prochaines années. «Ces dernières années, la ponction sur les réserves de change était autour de 20 milliards de dollars par an. Pour pouvoir maintenir le niveau des réserves de change au-dessus des 100 milliards de dollars d'ici 2019, nous ne pouvons décaisser en cash que 37 milliards de dollars, soit une moyenne de 12 milliards de dollars par an. Il y a donc un gap annuel de 8 milliards de dollars qui peut être couvert en allant sur le marché financier international. On peut recourir à des projects finacing pour financer les projets industriels et les crédits concessionnels pour les projets énergétiques», a analysé le vice-président du CNES, joint hier par téléphone. Et d'ajouter : «C'est incontournable d'aller chercher ce différentiel de 8 milliards de dollars pour pouvoir, au bout du compte, avoir le plancher des 100 milliards de dollars de réserves de change. C'est possible sous réserve de recourir aux financements extérieurs, en attendant que d'autres moteurs de croissance produisent leurs effets vertueux, en exportant des biens manufacturés ou agroalimentaires et des services». Le recours aux crédits concessionnels et les projects financing constituent, aux yeux de Mustapha Mekidèche, «des approches de financement tout à fait acceptables». Et l'Algérie se trouve, selon lui, «dans une bonne situation parce qu'elle n'a pas de dette extérieure et, historiquement, les emprunts internationaux n'ont jamais été aussi bas». Cela dit, Mustapha Mekidèche n'a pas caché son inquiétude à propos du déficit budgétaire qui ne cesse de se creuser. «Cette année, nous allons avoir 30 milliards de dollars de déficit budgétaire. Il sera couvert par le Fonds de régulation des recettes. Après, il n'y aura plus rien pour 2017, 2018, 2019... Comment va-t-on financer le déficit budgétaire s'il n'y a pas de rationalisation des dépenses, notamment par la mise à plat des subventions ? Comment les arbitrages vont s'opérer ? C'est la grande question. Des grilles de lecture seront données dans le projet de loi de finances 2017», a expliqué M. Mekidèche, en mettant en garde contre «les solutions incomplètes ou fausses», notamment la tentation de vouloir réduire les importations à tout prix. «On ne pourra pas comprimer outre mesure les importations. De toute manière, il y aura un déficit commercial (...). On peut effectivement agir via des politiques de substitution aux importations, mais là encore, on continuera d'importer des inputs» nécessaires au fonctionnement de l'économie, a soutenu le vice-président du CNES, en plaidant en faveur de la réduction du budget d'équipement de l'Etat et du gel des projets non prioritaires.