Les pronostics pessimistes émis par des experts sur l'épuisement du Fonds de régulation des recettes (FRR) d'ici septembre prochain ont jeté un véritable doute sur les prévisions faites par les autorités publiques. En effet, lors de la présentation du projet de loi de finances 2016 au Parlement, le ministre des Finances, Abderrahmane Benkhelfa, avait indiqué que les disponibilités du FRR vont permettre de financer le déficit budgétaire pour l'année en cours. Selon les prévisions du gouvernement, le Fonds qui disposait de 3081,9 milliards fin 2015 devra baisser à 1797,4 milliards de dinars fin 2016, et ce, en raison de la baisse de la fiscalité pétrolière (environ 519,3 milliards DA de recul) et de l'important déficit budgétaire à financer (1803,7 milliards DA). Ces prévisions sont faites sur la base d'un baril de pétrole référentiel de 37 dollars et d'un prix du marché de 45 dollars. Tenant compte de l'évolution du marché pétrolier depuis la fin de l'année 2015 et début 2016, où la moyenne des prix était moindre que celle prévue par l'Exécutif, des experts cités par le site Maghreb Emergent ont prédit samedi l'épuisement du FRR dès la fin de l'été 2016. Pour les spécialistes sollicités par ce site spécialisé l'annonce du lancement d'un emprunt national par Abdelmalek Sellal pour financer les projets publics est la preuve que le Fonds de régulation des recettes (FRR) ne pourra plus assurer les besoins financiers de l'Etat pour boucler l'année 2016. Selon ces experts, qui ont établi une estimation qui sortira dans un article d'analyse de la conjoncture dans les prochains jours, «le solde du FRR deviendra nul en août ou au plus tard en septembre prochain». Dans cette projection alarmiste, la disparition du FRR dès la fin du 3e trimestre 2016 aura une conséquence considérable. Elle obligera l'Exécutif à trouver de nouveaux moyens de financement du déficit budgétaire. Les mêmes spécialistes n'écartent pas le recours à une loi de finances complémentaires qui introduira des coupes plus prononcées dans les dépenses publiques. Sollicités à ce propos, l'économiste et vice-président du Conseil national économique et social, Mustapha Mekidèche, a relativisé cette projection pessimiste sur l'épuisement du FRR. «Personnellement, j'ai eu à intervenir sur cette question durant le mois d'août 2015. A ce moment-là, j'ai alerté sur le fait que le FRR ne pourra pas servir à financer le déficit budgétaire au-delà de 2016. Donc, le problème se posera en 2017», tient à relever d'emblée Mekidèche persuadé que le lancement de l'emprunt obligataire annoncé par le Premier ministre Abdelmalek Sellal pour le mois d'avril prochain est plutôt une action d'anticipation visant à assurer des financements aux projets d'investissements publics pour l'année 2017. Le choix est judicieux, selon l'économiste, qui relativise aussi l'alarmisme développé autour du recours à l'emprunt extérieur. «On doit seulement veiller à solliciter des crédits à long terme à bas taux d'intérêts et qui devront servir au financement de projets publics porteurs», recommande-t-il et se disant contre l'arrêt brutal de la contribution de l'Etat aux projets structurants et à la croissance économique. Dans le même ordre d'idées, l'expert Abderrahmane Mebtoul soutient que les disponibilités du Fonds de régulation des recettes vont permettre de financer le déficit budgétaire qui sera de l'ordre de 38 milliards de dollars. «Le problème du financement du déficit budgétaire se posera beaucoup plus en 2017. Afin d'éviter les problèmes, il faudrait d'ores et déjà lancer des réflexions sur les moyens financiers à mobiliser», préconise-t-il en espérant que les prix du pétrole vont reprendre dans les prochains jours.