Pour l'économiste et vice-président du Conseil national économique et social (Cnes), Mustapha Mekidèche, la décision du gouvernement de ne pas recourir à une loi de finances complémentaire pour l'année 2016 trouve son explication dans trois raisons principales. La première est d'ordre technique et juridique à la fois. Le fameux article 71 de la loi de finances 2016 permet, selon lui, au ministre des Finances d'intervenir au courant de l'année pour apporter des modifications dans les dépenses de l'Etat. Cette disposition constitue à elle seule une assise légale suffisante à tout éventuel réajustement des dépenses publiques, selon notre interlocuteur. Le deuxième argument avancé par l'économiste est le fait que le gouvernement avait déjà pris un certain nombre de mesures dans le cadre de la loi de finances 2016 pour atténuer le choc de la baisse des recettes pétrolières, telles que les augmentations des prix de l'électricité, des carburants et autres dispositions fiscales. L'Exécutif devra, estime-t-il, évaluer l'impact de ces mesures avant d'envisager de nouvelles dispositions. Quant au troisième point, motivant la décision de ne pas faire appel à une loi de finances complémentaire, c'est celui du déficit budgétaire qui sera financé par le Fonds de régulation des recettes. Etant donné que ce fonds n'est plus alimenté, depuis la chute des prix du pétrole, les pouvoirs publics ne pourront pas envisager le financement de nouveaux projets. Pour Mustapha Mekidèche, il y a lieu de s'attendre à des bouleversements lors de l'élaboration de la prochaine loi de finances. «En 2017, il faut s'attendre à des changements et des réformes jusque-là écartées. On ne souhaite pas des réductions des budgets d'équipements, car cela va impacter l'économie du pays qui dépend largement des projets de l'Etat», a-t-il signalé. L'économiste recommande de maintenir les projets structurants en faisant appel à des financements non traditionnels, notamment le recours aux crédits concessionnels et ceux de la Banque africaine de développement où la part de la contribution algérienne est conséquente par rapport aux autres contributeurs. La politique de transferts sociaux et de soutien des prix devra aussi, recommande-t-il, connaître des changements de manière à cibler les nécessiteux. Le vice-président du Cnes plaide aussi pour la réhabilitation de la taxe sur l'activité professionnelle (TAP) afin d'assurer le financement des projets des collectivités locales. S'agissant de l'évolution des prix du pétrole, l'économiste écarte une hausse rapide pouvant atténuer la pression actuelle sur les réserves financières de l'Etat. Se référant aux projections des organisations internationales, il dira que les niveaux de 70 à 80 dollars le baril ne seront possibles qu'à partir de 2020. D'où, l'urgence d'aller aujourd'hui vers des réformes structurelles pour l'économie nationale, préconise-t-il.