Le gouvernement, qui vient d'adopter un nouveau modèle de croissance économique, aura une marge de manœuvre très réduite pour diversifier son économie, alors que la crise financière, née de la chute drastique des prix du pétrole, s'aggrave. «Le premier obstacle actuel est le déficit budgétaire avec un Fonds de régulation des recettes qui s'épuise», a affirmé Mustapha Mekidèche, vice-président du Conseil national économique et social (CNES), joint hier par téléphone. Pour l'exercice 2016, le déficit budgétaire du pays devrait atteindre les 30 milliards de dollars, selon ses estimations. «A la fin de l'année en cours, je pense qu'il ne restera plus grand-chose. Le problème est comment financer le déficit budgétaire de 2017, 2018 et 2019 jusqu'à ce que les cours du pétrole se rétablissent. C'est une question très sérieuse», a-t-il analysé. En deux ans, les revenus pétroliers de l'Algérie ont baissé de 70%. Plus sombre encore, l'Algérie, dont le déficit budgétaire devrait se situer à près de 15% du PIB, sollicitera des financements extérieurs dès cette année pour couvrir ses dépenses, à en croire les prévisions du Fonds monétaire international. Face à la crise, le gouvernement a riposté en lançant un nouveau modèle de croissance économique, basé sur une politique budgétaire «rénovée», avec l'amélioration de la fiscalité ordinaire et une mobilisation de ressources financières supplémentaires tout en privilégiant l'investissement à forte valeur ajoutée. Ce nouveau modèle constitue-t-il une réponse judicieuse à la crise financière ? «De toutes les manières, il n'y a pas d'autre choix. Le problème est dans les conditions de la mise en œuvre de ce nouveau modèle de croissance.» «Je crois que ce qui est ressorti avant-hier avec un style extrêmement souple est primo : un investissement hors hydrocarbures pour diversifier une production nationale pour le marché local et pour l'exportation ; secundo : un réexamen des politiques budgétaires pour ne pas dire une rationalisation budgétaire. Ce sont là les deux grands aspects qui caractérisent ce nouveau modèle», a détaillé l'ancien conseiller au ministère de l'Energie, relevant que l'Etat doit engager une nouvelle politique budgétaire «moins expansive et plus rationnelle avec une remise à jour des politiques de redistribution et également un réexamen des formes d'investissement de l'Etat». Le nouveau modèle de croissance, adopté mardi en Conseil des ministres, table, rappelle-t-on, sur une croissance économique de 3,5% en 2016 et de 4% en 2017. Interrogé sur le manque d'objectifs chiffrés, notre interlocuteur a pointé du doigt «un souci de communication». «Il doit y avoir un chiffrage en termes d'objectifs de croissance, de couverture par la fiscalité ordinaire du budget de fonctionnement. Tout cela a fait, j'imagine, l'objet de simulations. Tous ces chiffres vont progresser au cours d'arbitrage des institutions et seront communiqués de toutes les manières dans le projet de loi de finances 2017», a expliqué Mustapha Mekidèche, en insistant sur l'urgence de la mise en œuvre des réformes contenues dans ce nouveau modèle de croissance.